______________________________ « Euterpe, la revue musicale »,
n°18, février 2011 est à lire
Rédacteur en chef : Philippe MALHAIRE
Ce 18e numéro d'Euterpe, la revue musicale débute avec un texte
de Dominique Arbey analysant le rapport entretenu par le Groupe des Six avec la musique populaire, suivi d'un second article
de Philippe Malhaire étudiant dans cette optique le cas particulier des Saudades do Brazil de Milhaud.
Ludovic Florin s'est entretenu avec le compositeur Patrick Burgan, offrant
au lecteur une interview tout à fait remarquable où l'artiste dévoile sincèrement sa conception
de l'art musical et du monde qui l'entoure.
Mathias Roger démontre que Debussy pouvait également tendre vers
l'expressionnisme en observant les rouages de son opéra inachevé La Chute de la maison Usher. Gilles Saint-Arroman
s'est intéressé plus spécifiquement à l'évolution des rapports personnels et professionnels
unissant Ravel au fondateur de la Schola Cantorum. Jean Alain Joubert livre enfin la troisième partie de son étude
sur Wagner et Nietzsche, autopsiant les raisons de leur rupture idéologique et amicale.
Deux critiques pour clore ce numéro : l'une consacrée au disque
« Alexis de Castillon » par Laurent Martin et le Quatuor Satie, l'autre à l'ouvrage universitaire Musique
et chorégraphie de Léo Delibes à Florent Schmitt publié par l'Université de Saint-Étienne.
______________________________ Le Fado, une tentation offerte au public
fançais
Misia l'a redécouvert vers 35 ans, Ana Moura et Antonio Zambujo sont
tombés très jeunes sous son emprise: ces chanteurs se sont tournés un jour vers le fado, cette expression
de l'âme d'une ville, Lisbonne, dont Amalia Rodrigues reste la référence.
« Pour moi, ça a été une mémoire affective
et une recherche d'identité. J'avais le besoin vital de retrouver mes racines », confie Misia.
Née à Porto, où elle a passé son enfance, d'un père
ingénieur et d'une mère danseuse catalane, Misia a vécu sa jeunesse à Barcelone, comme comédienne
et strip-teaseuse.
L'une des pionnières du renouveau du fado au début des années
1990 interprètera du 15 au 20 février aux Bouffes du Nord à Paris, où elle a également
vécu, « Senhora da Noite » (« Dame de la Nuit »), un nouveau répertoire de fados traditionnels
écrit spécialement pour elle, et uniquement par des femmes.
« Ce n'est pas moi qui ai choisi le fado, c'est lui qui m'a choisi »,
dit Ana Moura, la nouvelle étoile d'un genre renaissant, en concert jeudi à Paris (L'Alhambra). « Adolescente,
dans des groupes pop-rock, je chantais déjà, entre autres, du fado, et on me surnommait la fadista »,
se souvient-elle.
« Le fado, c'est une tentation. C'est en même temps très
simple et très riche, une musique d'un moment, où l'on peut improviser », estime Antonio Zambujo. Ce
jeune homme, âgé comme Ana Moura d'une trentaine d'années, s'est formé aux « cante alentejano
», ces chants polyphoniques de l'Alentejo, sa région d'origine (sud). Mais rapidement, il est « piqué
» par la charge émotionnelle du fado.
Zambujo, dont la voix douce, égrennant un fado aux accents bossa, contraste
avec celles plus enflammées de ses consœurs, donnera un concert à Brive le 2 avril, puis d'autres en France
en juillet.
Tous trois s'accordent pour dire que le fado, ce vague à l'âme
exprimant la douleur des sentiments humains, possède une force d'évocation que les autres musiques n'ont pas.
« Le fado, c'est, au-delà d'un genre musical, un langage émotionnel
», affirme Misia, pour qui deux conditions sont indispensables: l'évocation du destin dans le poème et
le pathos dans la voix.
Selon Antonio Zambujo, « il donne une autre dimension à un poème
par la puissance du chant ».
« Le fado procure une ambiance magique et aide à comprendre ce
que c'est qu'être portugais. C'est le meilleur moyen d'exprimer le profond de mon être », dit Ana Moura.
Sur cette musique sous influence atlantique, croisement de rythmes venus d'Afrique,
de chants de marins et d'influences brésiliennes, plane toujours la figure d'Amalia Rodrigues.
Artiste exceptionnelle, elle a porté ce genre musical, émergé
dans la seconde moitié du XIXe siècle dans les bas-fonds de Lisbonne, sur les scènes les plus prestigieuses
du monde, sans le galvauder.
« Les fados d'Amalia chantaient les grands sentiments de l'âme humaine
», souligne Misia. « Tout ce qu'Amalia chantait, même 'Summertime', devenait du fado ».
Les chanteurs de fado fleurissent en nombre depuis une dizaine d'années
sur les murs de l'Alfama et du Barrio Alto, vieux quartiers des bords du Tage où ce chant existentiel est né
et où bat encore le cœur de Lisbonne.
Mariza, Cristina Branco, Katia Guerreiro, Joana Amendoeira, sont d'autres «
enfants d'Amalia », sans compter les « fado vadio » (fados voyous) interprétés par les amateurs
dans tavernes et restaurants.
« Tout le monde peut y chanter, on peut y entendre l'avocat ou le mécanicien
», raconte Misia. « Pour moi, la vraie source du fado, elle est là ».
mardi 8 février 2011
______________________________ Les Victoires de la musique seront mercredi
à Lille pour un premier acte
Les révélations Ben l'Oncle Soul et Camelia Jordana partent grands
favoris de la première soirée des Victoires de la musique mercredi à Lille, les organisateurs ayant
choisi cette année de scinder la cérémonie en deux parties, dans une tentative de renouveler l'exercice.
« Le système actuel, de l'avis de l'ensemble du conseil d'administration,
était arrivé en bout de course. Nous voulions insuffler un souffle nouveau, aller vers plus de show et d'interactivité
», explique Thierry Chassagne, Pdg de Warner Music France et nouveau président des Victoires.
Concurrencée par les NRJ Music Awards et leur pléiade de stars
internationales sur TF1, souvent brocardée pour sa longueur et sa platitude, la cérémonie sera pour
la première fois scindée en deux soirées, le 9 février puis le 1er mars.
Autre nouveauté, le mode de scrutin a été modifié
afin de le rendre « plus équitable et plus représentatif ».
Le public est un peu plus associé au vote réservé depuis
25 ans aux professionnels du disque : un panel de 200 votants a été constitué par un huissier de justice
après inscription sur les sites de différents médias, allant de Télé 7 Jours à
Elle en passant par Skyrock et France Inter.
Jusqu'à présent, les sculptures dorées étaient décernées
uniquement par un collège de 1.260 professionnels (musiciens, artistes, auteurs, producteurs, disquaires, critiques).
Le public ne pouvait se prononcer que pour deux catégories : la « chanson originale de l'année »
et la « révélation du public de l'année« .
»L'ancien mode de scrutin pouvait laisser des artistes au bord du
chemin, tandis que des gagnants avaient pu obtenir peu de voix, à peine 6 ou 7% des inscrits. Deux tours de scrutin
ont été créés« , explique Thierry Chassagne.
Mercredi, la première soirée des Victoires sera consacrée
aux révélations et aux albums de l'année. Délocalisée à Lille et présentée
par Stéphanie Renouvin et Cyril Hanouna, elle sera retransmise sur France 4, puis rediffusée sur France 2.
Ben l'Oncle Soul et Camelia Jordana partent favoris côté nouveaux
talents, avec deux nominations chacun comme révélation scène et du public.
Ils affronteront Zaz, les Plasticines, Gush et Lilly Wood & The Prick.
Avec son album éponyme, exercice inédit de soul à la française,
Ben l'Oncle Soul est également en compétition pour l'album de chansons de l'année, face à Louis
Chédid, mais aussi Bernard Lavilliers et Christophe Maé, qui s'est classé en tête des ventes d'albums
en 2010 avec « On trace la route ».
Dans la catégorie album rock, les votants devront départager Gaëtan
Roussel, Katerine, Saez et Yodelice.
Les musiques urbaines seront représentées par des poids lourds:
Booba, Abd Al Malik, Soprano (un des succès surprise de l'année) et Hocus Pocus. L'album de musiques du monde
se jouera entre Souad Massi, Youssou Ndour, Patrice et la toute jeune Hindi Zhara.
Pour l'album de musiques électroniques ou dance sont nommés Chloé,
Gotan Project, Uffie et le belge Stromae, dont le titre « Alors on danse » a été le deuxième
single le plus vendu en France l'année dernière derrière Shakira.
La soirée principale, le 1er mars sur France 2, sera animée par
la journaliste Marie Drucker, en remplacement de Nagui dont la société Air Production n'a pas été
retenue dans l'appel d'offres de France Télévisions.
Les prix les plus prestigieux, dont ceux d'artistes masculin et féminin
de l'année, y seront remis lors d'un « show » inspiré des Grammy Awards américains.
mardi 8 février 2011
______________________________ La Réjouissance : un orchestre
pour les musiques des xviie et xviiie siècles
La Réjouissance est un orchestre baroque fondé en 1987 par Stefano
Intrieri dans le but de faire revivre la musique des xviie et xviiie siècles dans toute sa richesse
d'expression artistique. L'orchestre baroque La Réjouissance a participé à plusieurs festivals de musique
ancienne en France et à l'étranger, recevant chaque fois un accueil très positif du public et de la
presse.
Selon le répertoire, l'orchestre baroque module ses effectifs en allant
des sonates italiennes du xviie siècle jusqu'à des productions avec chœur et orchestre.
Depuis quelques années l'orchestre baroque, La Réjouissance, mène
également une réflexion interdisciplinaire autour de la musique ancienne en explorant les passerelles possibles
vers des époques plus récentes et des formes artistiques nouvelles et originales. Le travail de l'orchestre
baroque, La Réjouissance, a abouti à la création de plusieurs spectacles (Armi & Amori, MetamOrfeoses,
Clorinda), ainsi qu'à la participation à d'autres productions (en liaison priviligiée avec le Théâtre
du Voile Déchiré du metteur en scène Éric Checco), aussi bien sous forme enregistrée (Les
couloirs des Anges 1999, Les Oranges 2001) que de musique vivante, pour le dernier spectacle Pas de quartier.
Le premier enregistrement de l'orchestre baroque, La Réjouissance, Arie
& Sinfonie del signor Händel, avec le contre-ténor Jean-Loup Charvet, a été édité
en 1999 sous le label Mandala - Harmonia Mundi. Un deuxième CD, Sonate & Concerti à diversi stromenti de
Telemann, a été édité début 2005 par le label indépendant Il Trillo. l'orchestre
baroque, La Réjouissance a également été chargé de la recherche historique, ainsi que
de la réalisation musicale et chorégraphique de tous les extraits musicaux et des séquences dansées
pour le film Jeanne Poisson, marquise de Pompadour (France 2, 2006).
Pour plus d'informations : La Rejouissance, 30 rue des Ursulines, 93200 Saint-Denis.
Tél. : 0142430321. https://www.larejouissance.fr
mardi 8 février 2011
______________________________ Le Printemps des poètes, du 7 au
21 mars, chantera les paysages et l'Outre-mer
Le 13e Printemps des poètes, du 7 au 21 mars, avec Juliette
Binoche en marraine, célébrera la poésie ultramarine, en fêtant particulièrement quatre
voix contemporaines : Michel Butor, André Velter, René Depestre, qui vit aujourd'hui dans l'Aude, et l'Ecossais
Kenneth White, qui réside en France depuis 40 ans et a fondé l'institut de « géopoétique
».
Le 13 mars au musée du Quai Branly, une soirée intitulée
« La poésie ou les visages du monde » leur sera consacrée.
Le Prix du Concours Andrée Chedid du poème chanté a été
décerné à la chanteuse Frédérique Dastrevigne.
« Nous allons multiplier les occasions de faire circuler les poèmes
de ceux qui écrivent en Guyane, à La Réunion, dans les Caraïbes... et nous avons par ailleurs suscité
une anthologie de la poésie ultramarine, la première en son genre : »Outremer, trois océans
en poésie« , aux éditions Bruno Doucey », a indiqué le directeur artistique du Printemps
des poètes, Jean-Pierre Siméon, quelques jours après la disparition de l'écrivain et poète
martiniquais Edouard Glissant.
Paysage souterrain en l'occurence pour l'inauguration nationale de la manifestation,
le 7 mars à 12 heurs 15, à la station Auber (salle d'échanges RER A), avec Juliette Binoche, Jacques
Bonnaffé ou encore Robin Renucci qui liront des textes. Une exposition est également organisée à
la station de métro Saint-Germain-des-Prés.
Dans l'après-midi, 400 comédiens se disperseront dans les rues,
les jardins et les commerces de la capitale pour réciter aux passants des poèmes d'Outre-mer.
La poésie s'invite aussi en régions, à Lyon, Montpellier,
Tours ou La Rochelle avec des lectures dans les rues et des spectacles. Les poètes prendront aussi la main des enfants
avec toute une série d'événements en direction du jeune public, de la maternelle à l'université.
Le Printemps des poètes rendra également hommage à Aimé
Césaire lors de sa clôture le 21 mars au Théâtre 13, où Jacques Martial lira « Le
Cahier d'un retour au pays natal ».
Et depuis sa création le Printemps a fait des petits avec une version
américaine à Boston et des événements au Japon ou au Maroc cette année.
mardi 8 février 2011
______________________________ Les musées du Prado et de l'Ermitage
prêts pour un grand échange de tableaux
Goya, Velazquez ou El Greco: un « concentré » d'œuvres du
grand musée madrilène du Prado s'apprête à faire escale jusqu'en mai à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg,
avant un échange en sens inverse en fin d'année, ont indiqué lundi les deux musées.
Goya, Velazquez ou El Greco: un « concentré » d'œuvres du
grand musée madrilène du Prado s'apprête à faire escale jusqu'en mai à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg,
avant un échange en sens inverse en fin d'année, ont indiqué lundi les deux musées.
Quelque 66 œuvres du musée espagnol seront présentées du
25 février au 29 mai à l'Ermitage, pour une exposition baptisée « Le Prado à l'Ermitage
» organisée dans le cadre de l'année croisée Russie-Espagne, qui prévoit plusieurs échanges
entre les deux pays.
Une exposition baptisée « Trésors de l'Ermitage »,
réunissant 170 œuvres du musée russe, s'installera ensuite du 8 novembre au 26 mars 2012 à Madrid.
« Il s'agit d'un échange sans précédent »,
a déclaré lundi à Madrid le directeur du Prado, Miguel Zugaza, « l'idée est de se retrouver
dans un musée à l'intérieur d'un autre musée ».
« Nos deux musées sont très similaires » car ils «
racontent tous les deux l'histoire de leur pays respectif », a souligné le directeur de l'Ermitage, Mikhail
Piotrovsky.
Le roi d'Espagne Juan Carlos et la reine Sofia doivent inaugurer la première
de ces deux expositions, le 25 février à Saint-Pétersbourg.
Parmi les œuvres qui seront exposées en Russie, le Prado a sélectionné
des portraits des rois espagnols par Velazquez, Goya ou Le Titien, des représentations mythologiques dont «
Persée délivre Andromède » de Rubens ou des tableaux d'inspiration religieuse de Raphaël,
Murillo ou El Greco.
L'Ermitage présentera à Madrid des pièces archéologiques,
des tableaux et des dessins allant du 5e siècle avant J.C. au 20e siècle, dont des peintures du Caravage, de
Rembrandt, Rubens, Ingres et Watteau.
Les impressionnistes et post-impressionnistes seront aussi représentés
avec des tableaux de Monet, Cézanne, Renoir, Gauguin et Matisse.
mardi 8 février 2011
______________________________ Les Palestiniens présentent la
candidature de Bethléem au patrimoine mondial
L'ajout de Bethléem à la liste des sites inscrits au patrimoine
mondial de l'Humanité aurait dû être agréé il y a longtemps mais est devenu prisonnier du
conflit israélo-palestinien.
L'Autorité palestinienne a présenté lundi la candidature
de Bethléem (Cisjordanie), lieu de naissance du Christ selon la tradition, au patrimoine mondial de l'Humanité
de l'Unesco.
« Nous sommes très fiers d'annoncer que nos avons soumis le dossier
de nomination de Bethléem, sous l'intitulé Lieu de naissance de Jésus: l'Eglise de la Nativité
et la Route des pèlerinages, au patrimoine mondial », a déclaré la ministère palestinienne
du Tourisme et des Antiquités, Khouloud Douaibess, lors d'une conférence de presse à Bethléem.
L'ajout de Bethléem à la liste des sites inscrits au patrimoine
mondial de l'Humanité aurait dû être agréé il y a longtemps mais est devenu prisonnier du
conflit israélo-palestinien.
Pour l'Autorité palestinienne, la reconnaissance de Bethléem par
l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture (Unesco) s'inscrit dans le cadre de
ses efforts en cours pour établir un Etat indépendant.
« Le moment est crucial pour nous. L'initiative est partie intégrante
de notre campagne pour mettre fin à l'occupation (israélienne) et bâtir les institutions de l'Etat de
Palestine », a souligné Mme Douaibess.
Datant de l'empereur romain Constantin, au 4e siècle, la Basilique de
la Nativité est l'une des plus anciennes et sacrées églises de la chrétienté. En mauvais
état, elle est considérée comme un site en danger.
La Basilique est administrée, dans une cohabitation parfois difficile,
par l'Eglise grecque-orthodoxe, l'Eglise apostolique arménienne et la Custodie, gardienne des lieux saints au nom
de l'Eglise catholique conformément à une tradition qui remonte à l'époque croisée en
1219.
L'Autorité palestinienne et Israël se disputent le patrimoine de
la Terre sainte.
En novembre dernier, les autorités israéliennes avaient décidé
de suspendre leur coopération avec l'Unesco — avant de revenir sur leur décision — pour protester contre
une décision de cette organisation de décrire le Tombeau de Rachel, lieu saint du judaïsme à Bethléem,
comme étant également une mosquée.
mardi 8 février 2011
______________________________ Au Palais de Tokyo à Paris, Amos
Gitaï règle ses comptes
Amos Gitaï règle aussi ses comptes avec l'architecture grandiloquente
appréciée d'Hitler et dont il dit trouver un air de famille dans le style académique du Palais de Tokyo
et du Trocadéro, bâtis dans les années 30.
Au Palais de Tokyo, espace de création contemporaine à Paris,
le réalisateur israélien Amos Gitaï se lance sur les traces de son père, avec une installation
vidéo qui reconstitue le procès de cet architecte du Bauhaus jugé par les nazis en 1933 puis expulsé
d'Allemagne.
Amos Gitaï règle aussi ses comptes avec l'architecture grandiloquente
appréciée d'Hitler et dont il dit trouver un air de famille dans le style académique du Palais de Tokyo
et du Trocadéro, bâtis dans les années 30.
Avec l'installation « Traces », présentée jusqu'au
17 avril dans les sous-sols en friche de ce centre d'art, « je continue mon duel avec cette architecture autocratique
et monumentale », déclare à l'AFP Amos Gitaï. En 2009, il avait déjà imaginé
une installation sur le même principe dans une base sous-marine construite par les nazis à Bordeaux (sud-ouest
de la France).
« L'architecture est chargée de signification. Mon père,
lui, avait été formé au Bauhaus, qui prônait une architecture fragile, minimaliste, pas du tout
décorative », souligne le cinéaste qui a fait lui-même des études d'architecture.
« Ce n'est pas un hasard si le Bauhaus a été l'une des premières
écoles à être fermée immédiatement après l'arrivée au pouvoir d'Hitler en
1933. Les nazis considéraient que ces formes modestes, modérées, humaines, constituaient une menace
», ajoute-t-il.
L'effet de l'installation est saisissant. Et le propos percutant: c'est dans
ces sous-sols qu'une partie des biens juifs spoliés (notamment les pianos) était stockée sous l'Occupation.
On erre dans la pénombre entre les colonnes dénudées de
cet espace désolé, strié de sons. Et l'on reçoit en plein visage les images d'Amos Gitaï,
projetées en grand écran sur ces murs gris désaffectés.
A côté d'extraits de certains de ses films comme « Free Zone
» (2005) avec Natalie Portman, ou de ses documentaires, on découvre les images inédites d'un long métrage
que le cinéaste est en train de tourner sur la vie de son père.
Amos Gitaï, 60 ans, rentre de 15 jours de tournage en Allemagne. Il est
tellement habité par son nouveau film qu'il a modifié au dernier moment la conception de son installation pour
recentrer son propos sur son père, Munio Weinraub, qui décida d'hébraïser son nom en « Gitaï
» peu avant sa mort en 1970.
Le cinéaste, qui a évoqué sa mère Efratia dans le
film « Carmel » (2009), se tourne à présent vers l'image de ce père né en 1909 dans
une petite ville de Silésie.
Après avoir appris le métier de menuisier, Munio rejoint le Bauhaus,
école de la modernité fondée par Walter Gropius à Weimar puis déplacée à
Dessau (est de l'Allemagne).
Il travaille dans l'atelier d'architecture de Mies van der Rohe, qui sera le
dernier directeur du Bauhaus. Mais Munio Weinraub est juif et il est contraint de quitter l'école en 1932.
Il poursuit ses études à Francfort où il est arrêté
et battu pour avoir distribué des tracts. « J'ai retrouvé il y a un mois dans les tiroirs de ma mère
à Haïfa les papiers de son procès », indique son fils.
Finalement Munio est expulsé vers la Suisse, qu'il quitte pour la Palestine
en 1934.
Il est l'un des architectes de la construction d'Israël où il édifie
de nombreux bâtiments collectifs de style moderniste. Mais jusqu'à sa disparition, il a toujours gardé
l'apparence d'un « immigrant » venu d'Europe, en costume-cravate, en dépit de la chaleur, souligne le
cinéaste.
Avec ce film intitulé « Lullaby to my father », Amos Gitaï
a choisi de chanter une « berceuse » à son père pour le « consoler ».
mardi 8 février 2011
______________________________ Un décret renforce le soutien
public au cinéma indépendant
Un décret et quatre arrêtés, fruits de deux années
d'intenses débats et très attendus par la profession, renforcent le soutien public au cinéma indépendant,
garantissant les producteurs et encourageant les auteurs.
Le texte, imprimé au Journal officiel daté du 6 février
et signé du Ministère de la Culture, porte sur la « modification du régime de soutien financier
» aux œuvres cinématographiques par le biais du Centre national du cinéma français (CNC).
Il relève le taux de retour sur recettes affectés aux films français
en fonction de leur nombre d'entrées en salles et singulièrement celui alloué aux petites productions,
fait-on valoir au Ministère de la Culture.
Ainsi, les sommes reversées sont relevées jusqu'à la limite
des 5 millions d'entrées, cap que peu de films hexagonaux atteignent - en 2010, seul « Les Petits mouchoirs
», de Guillaume Canet a franchi la barre -.
« Jusqu'à 3 millions d'entrées, le taux reversé aux
productions sera d'un peu moins d'un euro par billet vendu, puis de 0,6 euro... jusqu'à arriver à un taux vraiment
sumbolique au-delà des 5 millions » d'entrées, selon le ministère. Alors que tous les films étaient
jusqu'alors indistinctement soutenus, même en explosant le box-office.
« Sur cette somme, 150.000 euros seront garantis d'office au producteur
délégué, celui qui prend tous les risques pour faire aboutir le film, quitte à y aller de sa
poche », précise la même source.
Ce texte entend répondre aux préoccupations du « Club des
Treize », un groupe de travail indépendant réunissant scénaristes, réalisateurs (Jacques
Audiard, Pascale Ferran, Claude Miller), producteurs, distributeurs...
L'idée datait de 2007 quand, à l'issue des César, Pascale
Ferran, cinq fois primée pour son « Lady Chatterley », déplorait publiquement l'abandon dans lequel
se trouvait, selon elle, le « cinéma du milieu ». Celui entre blockbusters américains et petits
films accouchés par la grâce du système D.
Les autres mesures détaillées dans les arrêtés concernent
l'aide à l'écriture de scénarios, la rémunération « transparente » des auteurs
et le relèvement de l'avance sur recettes versée par le CNC aux deuxièmes films - 150.000 euros (comme
les premiers films) contre 75.000 jusqu'ici.
Les organisations -associations et syndicats- représentant les différents
métiers, regroupées dans le BLOC (bureau de liaison des organisations du cinéma), ont salué lundi
ces textes qui créent « d'importants outils » au service des auteurs et des producteurs.
mardi 8 février 2011
______________________________ Incendie à la Cité de la samba
à Rio
« Je défilerai pieds nus s'il le faut ! », jure en larmes
Cris Viana, la reine de l'école de samba de Grande Rio devant l'atelier calciné où ont brûlé
les chars allégoriques et les costumes de son école à un mois du carnaval.
Cette belle métisse dont le rôle est de danser en mini-bikini à
plumes et paillettes et talons hauts devant les 400 percussionnistes qui rythment le défilé, sanglote dans
les bras de l'un des directeurs de l'école.
« J'adore mon école. Mon rôle est d'être ici pour apporter
ma solidarité », ajoute Cris.
Grande Rio a été l'école la plus touchée par l'incendie
qui a ravagé lundi une partie de la Cité de la samba, dans la zone portuaire de Rio près du centre-ville.
Elle a perdu 90% de son travail évalué à sept millions de reais (3,2 millions d'euros). Le toit et des
pans entiers des murs se sont écroulés.
Elle fait partie des douze plus grandes écoles de samba qui devaient
défiler les 6 et 7 mars, apogée du carnaval. Ce spectacle attire plusieurs centaines de milliers de personnes
tous les ans.
Plus à l'écart, Elisangela, 36 ans, une petite serviette à
la main, essuie régulièrement ses larmes. Les pompiers ne l'ont pas laissée entrer et elle les regarde,
désolée, lutter contre la fumée âcre qui pique le nez et sort encore des fenêtres du quatrième
et dernier étage de l'un des ateliers.
« Tous nos costumes ont brûlé. Quand j'ai entendu la nouvelle
à la radio, j'ai accouru », dit-elle, traumatisée comme des milliers de danseurs de sa communauté
qui avaient encore répété dimanche soir.
A l'instar de toutes les écoles nées dans les quartiers pauvres,
Grande Rio a été fondée, à Duque de Caxias, dans la banlieue nord de Rio. Elles font partie de
la culture populaire de Rio comme les clubs de football.
Les ateliers de deux autres écoles, Portela et Uniao da Ilha, ont également
brûlé, mais, presque « miraculeusement », selon des responsables, les chars allégoriques
ont pu être sauvés, le feu s'étant concentré dans les deux derniers étages où sont
fabriqués les sculptures et les costumes.
Certains chars sortis dans la cour à la hâte sont inachevés
et laissent voir d'énormes dinosaures en plâtre, d'autres sont recouverts de dorures et de petites glaces qui
brillent sous le soleil.
« Quand j'ai vu les images à la TV, j'ai eu la même sensation
que pour le 11 septembre. Je n'ai pas cru ce que je voyais », a déclaré à l'AFP Paulinho «
Barbicha » (barbichette), 61 ans, directeur des chars allégoriques d'Uniao da Ilha.
Chemisette blanche et panama assorti dans la pure tradition de la samba, il
explique que « seul l'un des sept chars de l'école a été endommagé » et que la moitié
des costumes ont brûlé.
Le « carnavalesco » (metteur en scène de l'école)
Alex de Souza dit ne pas être « en état de parler ».
« Je dois continuer à évaluer les dégâts«
, s'excuse-t-il au bord des larmes.
A Portela, les membres de l'école sont également venus aux nouvelles.
»C'est une sensation de douleur, de désespoir, de déception.
C'est le travail d'un an qui s'écroule. Je suis là pour aider à récupérer ce que l'on
peut récupérer« , déclare Denise Garcia, l'une des directrices de Portela qui arbore fièrement
le tee-shirt aux couleurs de son école.