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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

La musique de chambre de Johann Nepomuk Hummel

Introduction ; sonates pour piano ; variations, rondos, fantaisies pour piano ; musique de chambre ; musique concertante.

Duos avec piano

Pour violon (ou flûte) et piano, Hummel a écrit une poignée de Sonates ainsi qu’un Grand rondeau brillant (opus 126). Un micro-catalogue au sein duquel on ne retient guère que deux sonates : l’opus 5 no 3, dans sa version pour alto, qui passe d’ailleurs pour avoir été la première sonate pour alto et piano de l’histoire ; et l’opus 50 no 2 pour flûte et piano, qui séduit toujours par l’élégance de sa facture.

Johann Nepomuk Hummel, Sonate pour alto et piano, opus 5, no 3, I. Allegro moderato, par Gérard Caussé & François-René Duchâble, 1987.

 

Johann Nepomuk Hummel, Sonate pour flûte et piano, en majeur, opus 50, Allegro con brio, Andante, Rondo : pastorale, Barthold Kuijken et Luc Devos.

D’un tout autre intérêt, on a, pour violoncelle et piano, outre des Variations en mineur (opus 54) d’une élégante fluidité, une fort belle sonate en la majeur(opus 104). Composée en 1824, l’œuvre « dépasse de loin le clinquant de cette « virtuosité de salon » à laquelle on associe le nom de Hummel. Elle s’ouvre sur un allegro amabile e grazioso insistant sur les qualités mélodiques des deux instruments, et préfigure même, par l’ampleur et l’intensité de son discours, certains aspects de la première sonate en mi mineur opus 38 (1862-1865) du jeune Brahms. »9

Johann Nepomuk Hummel, Sonate pour violoncelle et piano, en la majeur, opus 104 (1824-1827), par Michal Kaňka (violoncelle) et Rumi Itoh (piano).

Trios avec piano

Outre un plaisant Trio pour flûte, violoncelle et piano, opus 78, fait essentiellement d’une belle et longue série de variations, le catalogue de Hummel comporte un ensemble remarquable de sept trios pour piano, violon et violoncelle (opus 12, 22, 35, 65, 83, 93 et 96). Tous en trois mouvements, ils s’apparentent aux derniers de Haydn comme à ceux de Beethoven et mériteraient d’être plus souvent à l’honneur. Parmi les plus intéressants : l’opus 12 en mi bémol majeur, avec un allegro initial passionné qui rappelle l’opus 1 no 1 de Beethoven, et un andante d’une belle sensibilité ; l’opus 83 en mi majeur, sans doute le plus remarquable des sept, qui culmine dans un superbe andante à l’écriture pianistique très élaborée ; et l’opus 93, en mi bémol majeur, avec son puissant mouvement initial, son émouvant larghetto et un rondo final aux rythmes tourbillonnants. Quant au dernier, l’opus 96 en mi bémol majeur, il se révèle sans doute moins inventif que les précédents mais, plus que jamais, le métier est là, et surtout il fait entendre comme finale un piquant Rondo alla russa qui a le don de rallier tous les suffrages.

Johann Nepomuk Hummel, Trio avec piano en mi bémol, opus 12, I. Allegro agitato, II. Andante, III. 3. Finale, presto, par le Beaux Arts Trio.

 

Johann Nepomuk Hummel, Trio avec piano en mi majeur, opus 83, I. Allegro, II. Andante, III. Rondo, par le Trio Parnassus, 1987.

 

Johann Nepomuk Hummel, Trio avec piano en mi bémol majeur, opus 93, I. Allegro con moto, II. Un poco Larghetto, III. Rondo, Allegro con brio, par le Trio Parnassus, 1987.

 

Johann Nepomuk Hummel, Trio avec piano en mi bémol majeur, opus 96, III. Rondo alla Russa, par le Beaux Arts Trio, 1997

Quintette en mi bémol opus 87

Voici sans doute « le » chef-d’œuvre de Hummel, et en tout cas la partition qui, plus que toute autre, lui vaut une reconnaissance générale. Elle est écrite, comme le quintette « La truite », de Schubert, pour une formation insolite réunissant piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse, ce qui a fait dire, à tort  semble-t-il, que l’une de ces œuvres (celle de Hummel) aurait servi de modèle à l’autre. Beaucoup plus ramassée que celle de Schubert, elle n’évolue pas dans les mêmes climats détendus : bien qu’annoncée en mi bémol majeur, elle se développe essentiellement en mi bémol mineur, dans une expression souvent sombre et passionnée qui n’est pas loin de rappeler certaines œuvres en mineur de Mozart. Même si son deuxième thème y introduit un brin de légèreté et d’insouciance, le premier mouvement (allegro e risoluto assai) impressionne par sa puissance et sa passion. Le menuetto qui suit (allegro con fuoco) offre un beau mélange d’animation et d’exubérance avec quelques touches de mélancolie. Le largo, assez bref mais plein de sentiment profond, fait office d’introduction au rondo final qui, comme il se doit, allie le brillant à une atmosphère sans nuages.

Johann Nepomuk Hummel, Quintette en mi bémol majeur, opus 87, I. Allegro e risoluto assai; II. Minuet, allegro con fuoco ; III. Largo, IV. 4. Finale, allegro agitato, par Hausmusik et Cyril Huvé (pianoforte), sous la direction de Monica Huggett.

Septuor en mineur opus 74

Composé en 1816 pour un effectif comprenant piano, flûte, hautbois, cor, alto, violoncelle et contrebasse, ce grand septuor a longtemps été l’œuvre de chambre la plus connue du compositeur. Peut-être a-t-il un peu perdu de son aura, mais ses nombreuses qualités (harmonie de sa forme, grandeur de sa conception, richesse et noblesse de l’expression) en font objectivement une des réalisations les plus accomplies de Hummel. Après deux mouvements d’atmosphère passionnée (allegro con spirito et menuetto o Scherzo), et avant un finale (vivace) véhément et plein d’invention, l’andante con Variazioni, écrit sur un thème populaire d’une noble simplicité, nous offre une belle plage de sérénité dont l’attrait atteint un sommet dans une quatrième et dernière variation pleine d'harmonies étranges.

Johann Nepomuk Hummel, Septuor avec piano, en ré mineur, opus 74, I. Allegro con spirito, II. Menuetto o Scherzo, III. III. Andante con Variazioni, IV. Finale, vivace, par le Nash Ensemble, 1981.  

Œuvres diverses

On ne se passionne guère pour les trois Quatuors à cordes (opus 30) que Hummel écrivit au tout début des années 1800 en ayant sans doute en ligne de mire les derniers de Haydn et les premiers de Beethoven. Sans totalement démériter, car on peut ici et là leur reconnaître une certaine « personnalité », ce sont des œuvres qui peuvent difficilement soutenir la concurrence face aux grands quatuors viennois de l’époque. Ceci expliquant cela, on s’intéressera plus volontiers au quatuor pour clarinette et cordes en mi bémol majeur de 1808, œuvre certes mineure mais d’une belle facture et d’une réelle élégance, voire au quatuor pour piano et cordes en sol majeur (en seulement deux mouvements). Dans le même esprit, on pourra prêter intérêt aux quelques incursions de Hummel dans le domaine de l’Harmoniemusik, notamment à deux œuvres pour octuor à vents (sérénade et surtout Octuor-Parthia), des pages qui séduisent par la qualité de l’invention mélodique, l’originalité de l’écriture, et un climat teinté de romantisme naissant.

Johann Nepomuk Hummel, Sérénade pour instruments à vent, en mi bémol majeur, I. Allegro assai, II. Adagio , III. Menuetto, IV. Rondo, par le Consortium Classicum

 

Johann Nepomuk Hummel, Octuor-Parthia, en mi bémol majeur, S 48 (1803), I. Allegro con spirito, II. Andante, III. sans indication, par le Consortium Classicum

S’il est toutefois une dernière œuvre à mettre en exergue, c’est bien « l’autre » septuor de Hummel, l’opus 114 en ut majeur, écrit pour piano, flûte, clarinette, trompette, violon, violoncelle et contrebasse. La présence de la trompette, dont Saint-Saëns allait se souvenir dans son propre septuor opus 65, explique l’appellation de septuor « militaire » souvent donnée à cette œuvre en quatre mouvements qui, bien que non exempte de faiblesses, présente de nombreux attraits, tout particulièrement en terme d’imagination sonore et de traitement technique des instruments.

Johann Nepomuk Hummel, Septuor no 2, en do majeur, « militaire », opus 114 (1827), I. Allegro con brio, II. Adagio, III. Menuetto, allegro, IV. Finale, par le Nash Ensemble, 1981.

plumeMichel Rusquet
26 mai 2020

© musicologie.org

Bioghraphie détaillée de Johann Nepomuk Hummel.

Notes

9. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (276), mai 2003.

 

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bouquetin

Mardi 26 Mai, 2020 5:27