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7 avril 2020 —— Jean-Marc Warszawski.

Le son des arbres et de l'orchestre à la Camille Pépin

Camille Pépin, The Sound of Trees et orchestrations d'œuvres de Claude Debussy et de Lili Boulanger, Julien Hervé (clarinette), Yan Levionnois (violoncelle), Orchestre de Picardie, sous la direction de Arie van Beek. Nomad Music 2020 (NMM074).

Enregistré en 2009, au Conservatoire de musique d'Amiens.

Camille pépin est un météore qui a creusé un cratère sur la petite planète des compositeurs. Elle était tout de même surveillée et annoncée par le grand Prix Sacem « musique symphonique jeune compositeur », en 2015, et le concours de l’Orchestre national d’Île-de-France. On oubliera les dernières Victoires de la musique, gesticulation médiatique qui fait plus de mal que de bien à la diffusion musicale.

Résidente à l’Orchestre de Picardie, voici son second cédé monographique, avec « The Sound of Trees », un double concerto en 6 épisodes, pour clarinette et violoncelle, inspiré par un poème de l’Américain Robert Frost, et des orchestrations : Deux Images pour piano de Claude Debussy, Hommage à Rameau et Mouvement, plus rare, D’un soir triste et D’un matin de printemps, deux trios avec piano de Lili Boulanger.

On retrouve tout ce qu’on trouvait dans son enregistrement de 2018, des œuvres de musique de chambre, l’art incomparable des timbres instrumentaux, les percussions aux instruments mélodiques,  la virtuosité ou l’assurance dans l’écriture, qui tient aussi du style fermement extraverti et projeté. Un orchestre rutilant et miroitant.
Dans l’ensemble on a l’impression d’être dans l’héritage du Sacre printanier d’Igor Stravinski, version rythmes parfois effrénés des Balkans, particulièrement et paradoxalement  avec le célèbre Mouvement de Claude Debussy. Perception qui ne  peut être mise au compte des effets secondaires du plaquénil ou du paracétamol.

Tout de même, au niveau de la partie archaïque reptilienne de notre cerveau, une petite diode clignote : danger ! Camille Pépin est une orchestratrice imaginative hors pair, mais les effets et tours de force virtuoses, en devenant structurels et répétitifs, risquent l’épuisement à moyen terme, de décevoir l’attente et l’envie de surprise, d’autant que la consonance tonale envahissante finit par manquer d’un peu de piment, on peut avoir après quelques minutes d’écoute, le sentiment de musique de film, même de péplums années 1960, voire d’avant. Que le météore ne soit pas étoile filante, qu’il creuse et élargisse son cratère. À nos lorgnettes, télescopes et sismographes.

 

 Jean-Marc Warszawski
7 avril 2020

© musicologie.org


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Mardi 7 Avril, 2020 3:15