musicologie   jeudi 3 octobre 2019

Voltaire et la musique

 

Appel à débat
Cahiers Voltaire (Revue annuelle de la Société Voltaire)
2 octobre 2019

Si l’on part du constat qu’il n’était pas lui-même musicien, et ne savait sans doute pas lire la musique, qu’il n’entreprit pas, contrairement à d’autres (D’Alembert, Rousseau), d’en théoriser l’expression, qu’il produisit assez peu – échouant à maintes reprises à l’opéra – d’ouvrages destinés au chant, et s’abstint d’une fréquentation assidue des cercles musicaux de son temps, on pourrait former l’opinion que Voltaire, finalement, n’aimait guère la musique. Il fut cependant le compagnon, toute sa vie durant, de musiciens et musiciennes parfois considérables : sa sœur, son parrain l’abbé de Châteauneuf, son amie Mme du Châtelet, sa nièce Mme Denis, le roi Frédéric II enfin, non seulement l’entourèrent de leur pratique musicale mais nourrirent aussi souvent sa pensée critique sur cet art.

Si Voltaire ne pouvait composer, il fut le parolier d’innombrables chansons, genre qu’il affectionnait et dont il collectionnait les recueils. À l’opéra, il s’obstina, jusqu’à réussir par deux fois avec Rameau, et au-delà ; il y rêvait de « fêtes brillantes », entendant par là qu’il fallait surtout laisser place à ces moments où le drame importe moins, par rapport au flux ininterrompu de chants et de danses qui en constituent l’attrait principal, ces « feux d’artifice dont il ne reste rien quand ils sont tirés ». Parallèlement, le rêve d’un art total nimba peu à peu la conception de ses tragédies, comme un écho à celles des Grecs, fantasme d’un genre où tout, de la construction d’ensemble au détail de la déclamation, serait musical. Face à ces éléments, une opinion nouvelle émerge, qui fait de Voltaire un auteur souvent sensible à la musique, constamment soucieux de son usage, parfois peut-être même fasciné par elle.

La critique voltairienne, naviguant entre ces deux extrêmes, tend désormais à confirmer les liens – certes épars, souvent cachés et complexes, voire tortueux, mais aussi constants, quelquefois cruciaux et toujours subtils – de Voltaire avec l’art musical. L’ouvrage d’Edmond Vander Straeten, quoique daté dans ses formulations et incomplet dans sa documentation, avait mis à jour les multiples facettes de cette relation.

Plus récemment, les travaux d’édition de l’œuvre et de la correspondance (Voltaire Foundation essentiellement), ceux consacrés à l’esthétique voltairienne ou à son inscription dans le contexte intellectuel et artistique qui l’influençait ont réactivé le débat, avec une première somme de réflexions publiée dans la Revue Voltaire – qui réaffirme toutefois l’impossibilité d’aborder frontalement les rapports de Voltaire et la musique. C’est dans le domaine de l’opéra cependant que les années récentes ont été le plus prolifiques, avec la multiplication des études de cas où les travaux des musicologues font écho à ceux des littéraires, avec un volume des Classiques Garnier tout entier consacré à Voltaire à l’opéra.

Par rapport à ces nouvelles perspectives, et pour dépasser la difficulté induite par la rareté des rapports directs du littérateur à l’art musical, nous proposons ici de déplacer légèrement le débat, pour nous intéresser non pas à Voltaire musicien (ce qu’il ne fut, donc, assurément pas) mais à Voltaire musical, selon une approche qui incite non plus à envisager les relations de Voltaire avec la musique, les musicien·ne·s et les institutions musicales de son temps, mais plutôt à se demander ce qui, dans la production de Voltaire, peut être qualifié de « musical » (ou de « non-musical »).

La livraison 2018, élaborée en collaboration avec Matthieu Franchin, tentait ainsi de réinterroger la place de la musique dans la production théâtrale voltairienne, à la fois dans la conception poétique de ces œuvres et dans la réalité historique de leurs représentations. La livraison 2019, préparée avec Julien Dubruque, s'intéressait à l'apport de Voltaire au genre de l'opéra, balayant le vaste corpus de ses livrets, en regard de la production de son époque.

On poursuivra cette investigation en examinant d’autres corpus, en cherchant ce qu’il peut y avoir de musicalité, aussi bien dans les œuvres où de la musique est prévue que là où il n’y en avait pas.

AXES DE RECHERCHE

On pourra ainsi :

CONTRIBUTIONS

Toutes contributions, de toutes natures et de toutes formes pourvu qu’elles soient suffisamment argumentées, sont les bienvenues ; elles feront l’objet de publications thématisées dans les prochains numéros des Cahiers Voltaire.

Pour la parution prévue en 2020 et consacrée à l’œuvre poétique de Voltaire, vos contributions devront nous parvenir au plus tard le 28 février prochain.

Toutefois, afin de nous permettre d’organiser au mieux les parutions successives, les contributeurs·trices sont encouragé·e·s à formuler dès maintenant des propositions assez brèves (esquisse, note d’intention) qu’ils et elles pourront par la suite développer, étoffer ou compléter à leur guise, en particulier lors de leur mise en regard avec d’autres au sein d’une même thématique.

Les personnes intéressées sont ainsi invitées à contacter sans délai Rémy-Michel Trotier à l’adresse :  voltairemusical@online.fr.

https://www.societe-voltaire.org

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