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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : La musique instrumentale en Italie au temps de Mozart et de Haydn.

Les œuvres de Giovanni Battista Viotti (1755-1824)

Ce Piémontais, qui fut l’un des plus grands maîtres du violon, se laissa tenter, la cinquantaine venue, par le démon des affaires en se lançant dans le commerce de vin. Cette aventure se termina par une faillite, mais ce fut presque son seul échec au cours d’une vie riche en rebondissements.

Elève de Gaetano Pugnani, il effectua avec celui-ci (1780-1782) une vaste tournée qui le fit connaître dans toute l’Europe, puis se fixa à Paris où, après des débuts remarqués au Concert Spirituel, il choisit de vouer exclusivement son talent au service de Marie-Antoinette, se consacrant notamment à la direction d’un nouveau théâtre d’opéra.

Mais en 1792 il dut chercher refuge à Londres où il allait s’illustrer aux fameux concerts Salomon ainsi qu’à la direction du King’s Theatre. Du moins temporairement car, en 1798, accusé de menées révolutionnaires, le voilà banni et conduit à s’exiler à Hambourg, en attendant des jours meilleurs qui ne viendront que trois ans plus tard. Il retourne alors à Londres où il va désormais se consacrer surtout à son affaire de vin, et c’est dans sa seconde patrie qu’il finira ses jours, mais après un nouveau détour par Paris puisque, de 1818 à 1820, après la faillite de son commerce, et par la grâce de Louis xviii qui ne l’avait pas oublié, il lui sera donné de diriger l’Opéra de Paris.

Considéré comme le fondateur de l’école française de violon illustrée par les Pierre Rode, Rodolphe Kreutzer et Pierre Baillot, Viotti a composé exclusivement ou presque pour son instrument. C’est d’ailleurs si vrai qu’on lui reproche parfois, dans ses œuvres de chambre, d’avoir trop mis en vedette le violon. Passe encore pour ses sonates pour violon et piano, qui penchent si ouvertement vers le vieux genre avec basse continue qu’on leur pardonnerait presque d’obliger le piano à faire tapisserie. Mais cette tendance est assez flagrante également dans ses divers trios et quatuors « concertants », le musicien sacrifiant souvent au genre du « quatuor brillant » où, un peu comme dans un concerto en miniature, le premier violon domine trop systématiquement. Ces œuvres, auxquelles il faut ajouter quelques séduisants quatuors avec flûte ainsi qu’une belle moisson de duos pour deux violons, n’en déméritent pas pour autant, mais on peut comprendre que la postérité ait surtout retenu de Viotti sa production de concertos pour violon. Sur les vingt-neuf qu’il a laissés (plus deux belles symphonies concertantes pour deux violons), un en particulier — le 22e en la mineur — a bien résisté à l’épreuve du temps. « Redécouvert par Joachim, sa liberté d’invention et la maîtrise de son écriture avaient suscité l’enthousiasme de Brahms, et ont également séduit des interprètes tels qu’Accardo, Menuhin, Stern, Oistrakh ou Grumiaux. »1 En fait, et sans négliger tout à fait les concertos antérieurs que Viotti composa pendant sa première période parisienne, on devrait sans doute, à côté du 22e, s’intéresser davantage à quelques  concertos de l’époque londonienne (parmi lesquels les 23e en sol majeur, 24e en si mineur et 25e en la mineur). Certains d’entre eux, comme les deux derniers cités, furent joués en concert au côté de telle ou telle des glorieuses symphonies londoniennes de Haydn. Ce devrait être un signe…

Giovanni Battista Viotti, Concerto pour violon no 22 en la mineur, I. Moderato, par David Oistrahk et Kirill Kondrachine.

 

Giovanni Battista Viotti, Concerto pour violon no 22 en la mineur, III. Agitato assai, par Itzhak Perlman.

Notes

1. Molkhou Jean-Michel, dans « Diapason » (428), juillet/août 1996.


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