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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : la musique instrumentale en Allemagne de Beethoven à Schubert.

La sonates opus 90 (no 27) de Ludwig van Beethoven

Les sonates pour piano : Opus 2, nos 1, 2, 3 - Opus 7 - Opus 10 - Opus 13 - Opus 14 - Opus 22 - Opus 26 - Opus 27 - Opus 28 - Opus 31 - Opus 49 - Opus 53 - Opus 54 - Opus 57 - Opus 79 - Opus 81a - Opus 90 - les cinq dernières sonates (opus 101, 106, 109, 110, 111).

beethoven

Achevée en août 1814, la sonate en mi mineur opus 90, la seule des trente-deux dans cette tonalité, vient quatre ans après « Les Adieux » et précède de peu la grandiose série des cinq dernières sonates qui naîtront entre 1816 et 1822. En deux mouvements seulement (un allegro et un rondo), pourvus l’un et l’autre, une première, d’indications de tempo et de caractère intégralement en allemand, c’est une œuvre parmi les plus raffinées et poétiques de Beethoven. Selon un témoignage, le compositeur aurait eu à l’esprit un « programme » reflétant un épisode de la vie personnelle du dédicataire, le comte Moritz von Lichnowsky (frère de son ancien protecteur), lequel vivait une liaison avec une jeune actrice viennoise. Ainsi, le premier mouvement se serait initialement intitulé « Combat entre la tête et le cœur », et le second « Conversation avec la bien-aimée ». Qu’on adhère ou non au scénario, on ne peut que s’incliner devant les beautés de cette œuvre à deux visages : d’une écriture extrêmement riche et novatrice, le mouvement initial est effectivement, comme voulu par Beethoven, plein de « sentiment et d’expression », plein de subtilités aussi avec ses contrastes et ses silences traduisant une sorte d’indécision ou d’angoisse après de tendres élans. Et comment résister aux épanchements déjà si schubertiens du finale, même s’il ne s’agit que d’un rondo, « le dernier rondo de Beethoven, doucement ému, dans un mi majeur éclairant d’un coup le paysage »74  Le compositeur l’a voulu « très chantant ». « Le refrain chante, en effet, comme une romance sans paroles (de l’avis de Mendelssohn lui-même), ou mieux comme un thème de Schubert : d‘allure, de climat… et de longueur ! car il est omniprésent, quelques idées secondaires n’empiétant pas sur son pouvoir ; mais la variété de l’écriture de détail prévient toute monotonie. »75

Ludwig van Beethoven, Sonate opus 90 en mi mineur, I. Mit Lebhaftigkeit und durchaus mit Empfindung und Ausdruck, II. Nicht zu geschwind und sehr singbar vorzutragen, par Sviatoslav Richter (1965)

 

 

plumeMichel Rusquet
24 septembre
2019

 

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74. Sacre Guy, La Musique de piano, Robert Laffont, Paris 1998, p. 356.

75. Ibid.

 

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