musicologie   dimanche 22 septembre 2019

Guillaume tell, icône politique

 

12-13 mars 2020, Rennes
A ppel à communication
Colloque interdisciplinaire et international

Le personnage de Guillaume Tell, dont la réalité historique telle qu’elle est connue notamment à travers le Livre blanc de Sarnen (1470) et la chronique d’Aegidius Tschudi (1569-1570) n’a jamais été définitivement établie, est rapidement devenu une icône politique autour de laquelle l’histoire et mythe s’articulent de manière originale. Le colloque se propose d’examiner et de confronter les métamorphoses historiques, mythiques, littéraires et artistiques auxquelles s’est prêté le récit de la rébellion du héros suisse, à travers différentes époques (XVIIIe-XXIe siècle) et aires culturelles (l’internationalisation du héros national suisse est un phénomène remarquable), au gré des différents supports médiatiques mis à contribution (théâtre, narration, opéra, cinéma, arts plastiques, bande dessinée, etc.).

On s’interrogera en particulier sur la façon dont les hauts faits de Guillaume Tell ont pu servir de surface de projection pour des représentations politiques émanant de mouvements politiques, idéologiques ou esthétiques différents ; on cherchera à comprendre comment des artistes ou intellectuels allemands, français, italiens ou américains ont pu se reconnaître dans cette figure du rebelle sur laquelle se sont initialement cristallisées les aspirations nationales suisses.

La rencontre rennaise sera l’occasion de réfléchir, à partir du personnage de Guillaume Tell, sur les mécanismes de construction et d’instrumentalisation de l’icône et du symbole politiques. Un personnage comme Tell est-il seulement devenu une icône, c’est-à-dire un signe (voire un signal) qui renvoie à une réalité complexe mais tend à se figer, se rapprochant ainsi du stéréotype, lequel peut naturellement être l’objet d’un jeu ? Ou bien faut-il plutôt le considérer comme un symbole irréductible à un concept déterminé et à une signification codée (« un symbole ne peut pas renvoyer l’interprète à une compétence culturelle préalablement codée », écrivait Umberto Eco) ? L’icône, avec son caractère d’évidence visuelle, et le symbole ont toutefois en commun de se manifester dans une image sensible : le sens du symbole réside dans sa visibilité (Vorzeigbarkeit), explique Hans- Georg Gadamer. Le mythe de Guillaume Tell est particulièrement riche en symboles visuels : le chapeau des Habsbourg, la pomme et l’arbalète, la barque prise dans la tempête sur le lac des Quatre- Cantons et le serment sur le Grütli. Mais on ne négligera pas la topographie, qui est inhérente au mythe : le Grütli, le chemin creux de Küssnacht, la chapelle de Tell, la forteresse de Zwing-Uri ont fait l’objet de nombreuses représentations dans les arts plastiques.

Le succès de Guillaume Tell s’explique également par le fait que le récit s’achève, dans la plupart des versions, par le triomphe de la révolte et la défaite du tyran. On n’éludera toutefois pas la question du tyrannicide, qui peut venir assombrir cette image, et notamment l’écho qu’elle a pu trouver dans le sillage de la Révolution française. Mais si la rébellion s’achève sur une fin heureuse, c’est parce que le mythe évite soigneusement d’interroger les modalités de mise en place sur la durée d’un nouvel ordre politique. C’est pourtant sur ce dernier aspect qu’échouent la plupart des grandes figures de la rébellion politique que nous offre l’histoire européenne. Il serait pertinent, dans cette optique, de comparer Guillaume Tell à d’autres figures historiques ou légendaires du rebelle comme Cola di Rienzo, Savonarole, Thomas Müntzer, Jean de Leyde ou Masaniello.

Les deux versions les plus fameuses du mythe de Guillaume Tell, la pièce de Schiller (1804) et l’opéra de Rossini (1829), occuperont naturellement les places de choix qui leur reviennent dans cette rencontre scientifique, mais on accordera également une attention toute particulière aux réalisations dues à des auteurs francophones de la seconde moitié du XVIIIe siècle et notamment à ceux de l’époque de la Révolution française : la tragédie d’Antoine Marin Lemierre (1766) – qu’il serait intéressant de comparer avec la tragédie en langue allemande du jésuite Joseph Ignaz Zimmermann (1777) –, l’opéra-comique de Grétry et Sedaine (1791), et le récit de Jean-Pierre Claris de Florian (1794). On n’oubliera toutefois pas les avatars ultérieurs du mythe, tels que la biographie de Lamartine (1863), la déconstruction opérée par Max Frisch avec Guillaume Tell pour les écoles (1971), les films inspirés par le sujet depuis Guillaume Tell et le clown de Méliès (1898) ou le cycle de bandes dessinées consacré aux Aventures de Guillaume Tell par René Wuillemin (1984-1994).

Les propositions de communication sont à envoyer à jean-francois.candoni@univ-rennes2.fr isabelle.ruiz@univ-rennes2.fr ou alexis.tautou@univ-rennes2.fr jusqu’au 15 octobre 2019

 

Organisation scientifique : Jean-François CANDONI, Isabelle RUIZ, Alexis TAUTOU

Comité scientifique : Régine BATTISTON (Université de Haute-Alsace), Anne-Marie GRESSER (Université de Caen), Marc LACHENY (Université de Lorraine), Barbara NAUMANN (Universität Zürich), Mathieu SCHNEIDER (Université de Strasbourg), Peter UTZ (Université de Lausanne)

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