musicologie   mercredi 4 décembre 2019

Des compositeurs soutiennent la grève à Radio-France

Aujourd'hui nous manifestons notre solidarité et notre soutien aux forces de Radio-France qui se battent pour la musique, vivante, et pour exercer leur mission de service public.

Serions-nous donc condamnés à ce repli sur le passé propre aux époques politiques troublées, celles qui font naître les extrémismes dangereux et qui conduisent à la perte de liberté ?

On pourrait imaginer que l'anthropocène, cause de l'éco-anxiété ressentie par nombre d'entre nous, est en partie responsable de la perte progressive des institutions musicales de cette faculté de projection qui a toujours animé les artistes et l'humanité. Il suffit de lire un programme de concert du 18e siècle pour se rappeler que la musique était alors celle du moment, celle dont l'encre était encore toute fraîche, bref, celle qui était contemporaine.

Quand bien même les partitions des compositeurs d'aujourd'hui ne seraient plus que des bouteilles à la mer sur une planète que beaucoup d'entre nous croyons perdue, notre conscience nous dit au plus profondément de nous-mêmes, qu'il faut les écrire. Car la musique n'est pas une marchandise, un bien de consommation, elle est l'expression nouvelle et engagée de compositeurs qui pressentent, qui anticipent - tels des capteurs en quelque sorte - que les institutions feraient bien de consulter. Faire de nos orchestres, et ceux de Radio France en particulier, des acteurs d'une production muséale va à l'encontre même de ce qui peut aujourd'hui faire bouger la conscience des auditeurs qui ne croient plus au monde dans lequel ils vivent. C'est dire la portée politique de la musique.

Et il y a tout à parier que les institutions musicales classiques - les orchestres, les opéras - mourront d'avoir été si peu prévoyantes et si peu visionnaires, en un mot, si peu vivantes. Car en effet, contrairement à la musique classique muséale, la plupart des autres musiques sont vivantes dans le sens où leur création et leur exécution sont simultanées, organiquement liées. Pas étonnant alors que le public s'y intéresse. Aussi, n'est-il pas exagéré de dire que, privées de création, les formations musicales de Radio-France ainsi que France-Musique, ne seront plus qu'un robinet de plus qui finira par rouiller, se gripper, et disparaître.

Conserver, développer, renouveler les dispositifs qui permettent à l'imagination de s'épanouir, inventer de nouvelles formes de création et de rapport au public, voilà l'urgence d'aujourd'hui.

Bernard Cavanna, Philippe Hurel, Alexandros Markeas, Luis Naon, Gérard Pesson, Jacques Rebotier.

Par ailleurs, pétition en ligne

© musicologie.org

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Mercredi 4 Décembre, 2019