Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte
Organiste et compositeur, cette autre grande figure du monde musical viennois, qui finit brillamment sa carrière en succédant à Hofmann comme maître de chapelle de la cathédrale Saint-Étienne, laisse surtout l’image d’un immense pédagogue. Un de ses grands titres de gloire est d’avoir enseigné la composition à Beethoven en 1794-1795, même si l’éminent professeur déclara par la suite que cet élève n’avait rien appris et ne ferait jamais rien dans un style décent… Peut-être fallait-il s’en réjouir, car, en tant que compositeur, ce musicien qui avait contracté le virus de la fugue et s’en était fait une religion qu’il entendait imposer avec un entêtement conservateur à toute épreuve, a laissé une musique à laquelle on serait tenté d’étendre les commentaires suivants de Georges Guillard à propos de ses innombrables fugues : « Sous un métier impeccable, l’inspiration semble glacée, pétrifiée. Une machine à penser contrapuntique semble avoir vomi un flot tiède et impersonnel de produits soigneusement manufacturés. Une mécanique compositionnelle bien huilée semble étouffer toute velléité, tout frémissement annonciateur d’émotion. [...] C’est sans doute dans sa musique vocale qu’il faut chercher celui qui fut un musicien admiré par Mozart avant d’être un cuistre fui par Beethoven ! »1
Johann Georg Albrechtsberger, concerto pour flûte, guitare et orchestre.
1. Guillard Georges, dans Cantagrel Gilles (dir.), « Guide de la Musique d’orgue », Fayard, Paris 2003, p. 23.
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Vendredi 3 Février, 2023