musicologie

Monaco, 14 décembre 2018 —— Jean-Luc Vannier

Oskara puissants mythes et symboles du Pays Basque au Monaco Dance Forum

OskaraOskara. Monaco Dance Forum. Photographie © GorkaBravo.

Créée en 2001 à l’initiative du danseur et chorégraphe Jon Maya Sein, la Compagnie basque Kukai Dantza, spécialiste de création contemporaine à partir de la danse traditionnelle basque, présentait jeudi 13 décembre salle Garnier, Oskara, un parcours retraçant, des plus lointaines origines jusqu’à nos jours, les mythes et symboles de la culture basque. Une scénographie réalisée en collaboration avec Marcos Morau / La Veronal, auteur en décembre 2014 de Siena, une performance dont nous avions rendu compte.

Une œuvre oscillant entre la vie à la mort ou l’inverse — mais est-ce si différent ? — si nous prenons en considération le cadavre dénudé du tout début de la pièce et qui, après de multiples périples, rejoint in fine la tenue d’Adam en se dévêtant de l’imposant gilet traditionnel de berger. Entretemps, accompagnés de la voix magnifique de Thierry Biscary mais dont nous regretterons vivement de ne pas avoir pu saisir les paroles par une traduction affichée (création musicale : Xabier Erkizia et Pablo Gisbert), cinq danseurs exécutent des évolutions souvent marquées par des gestuelles autocentrées, bras et jambes repliés sur le corps.

OskaraOskara. Monaco Dance Forum. Photographie © Pierre Balacey.

Néanmoins ce sont les mouvements d’imbrication, de combinaison entre les artistes qui retiennent toute notre attention : sorte d’inaltérable chaîne humaine où les corps, nonobstant leur vivacité nerveuse et leur dynamisme musculaire, ne se lâchent jamais pour se retrouver toujours liés, toujours assemblés. S’en dégage une irrésistible impression de fraternité de cœur et d’esprit. Comme si les pas sautillants des danses populaires, exécutées malgré leur mutation dans la modernité, constituaient le point de capiton de cette culture.

Une autre dimension forte nous saisit : le sentiment, à l’écoute des mélopées a capella, d’une religiosité ancestrale, d’une mystique lointaine. Sentiment accentué par les rotations corporelles ou les alignements monastiques effectués avec les mains jointes. Le parallèle entre la transmission de cette civilisation basque et la destinée humaine ne fait alors plus de doute au cours de ces soixante-cinq minutes de spectacle : tout comme ils aident à vivre, ces mythes et symboles aident aussi à mourir une fois l’assurance qu’ils auront été transmis aux plus jeunes.

OskaraOskara. Monaco Dance Forum. Photographie © Pierre Balacey.

Interprètes : Alain Maya, Eneko Gil, Ibon Huarte, Martxel Rodriguez, Urko Mitxelena.

Monaco, le 14 décembre 2018
Jean-Luc Vannier

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