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Paris, Temple Saint-Marcel, 20 avril 2018 —— Frédéric Norac.

Les régents de la musique française : musique pour la duchesse du Maine

Ensemble la Française.Photographie © D. R.

À ceux qui pensent qu'entre la fin du règne de Louis XIV et l'émergence du génie de Jean-Philippe Rameau, la musique française n'avait produit que des épigones de Lully ou de Charpentier, le programme de ce concert oppose un sérieux démenti.

Placé sous l'égide de la Duchesse du Maine, Anne-Louise de Bourbon, épouse du fils légitimé de Louis XIV et de la Montespan, qui attira dans son château de Sceaux dans les années de la Régence et des débuts du règne de Louis XV, l'élite intellectuelle (Fontenelle et Voltaire entre autres) et artistique parisienne, il réunissait deux grandes cantates pour soprano et une suite d'orchestre de Jean-Joseph Mouret.

Des deux pièces vocales, l'Ariane de Thomas Louis Bourgeois (1676-1750), le compositeur le moins connu des trois, plus concentrée, plus variée aussi dans ses registres et sans doute plus virtuose et teintée d'italianité,  est celle qui nous a le plus séduit. La soprano Marie Remandet y déploie un timbre léger mais joliment ombré, des aigus clairs et droits que l'acoustique réverbérée du temple Saint-Marcel fait vibrer un peu trop, nuisant à la clarté de l'élocution. Chez Nicolas Bernier (1664-1734), le style est moins personnel, l'idiome plus entendu et, bien qu'agréable, sa Médée offre moins de surprises et paraît plus convenue en termes d'expressivité, surtout sur un thème aussi tragique.

Toutes deux donnent l'occasion aux solistes de l'Ensemble La Française, la violoniste Shiho Ono à l'énergie communicative, la flûte veloutée d’Aude Estienne et le violoncelle disert de Jean-Baptiste Valfre de donner une belle démonstration de maîtrise dans les airs accompagnés où ils sont autant que la chanteuse les garants de l'expressivité et de la variété des climats et des affects.

La pièce centrale, une symphonie de chambre extraite du premier livre de Jean-Joseph Mouret (1682-1738) se révèle un moment très jubilatoire. Basée sur une suite de danses caractéristiques qu'on imaginerait parfaitement issues d'un opéra-ballet du temps, la pièce que l'ensemble fait swinguer à plaisir nous emmène dans le monde enchanté de la danse baroque si prenante dans ses rythmes et si raffinée dans ses coloris.

L'ensemble La Française qui, à travers ce concert, lançait son premier disque est assurément un ensemble à suivre tant pour l'originalité de son répertoire que pour l'exactitude et l'élégance de ses interprétations. Le disque que le label Polymnie vient de faire paraître permettra à ceux qui ne les ont pas encore entendus de s'en convaincre.

Ensemble la Française.Photographie © D. R.

Frédéric Norac
20 avril 2018

 

Frédéric Norac : norac@musicologie.org. Ses derniers articles : Le retour d'Auber : Le Domino noir à l'Opéra-ComiqueRépertoire erroné ? Stanislas de Barbeyrac aux « Lundis de l'Athénée »Opérette soviétique : Moscou Paradis d'après ChostakovitchPasticcio postmoderne : Et in Arcadia ego : création sur des musiques de Jean-Philippe RameauVaudeville Charles X : le comte Ory a l'Opéra-ComiqueTous les articles de Frédéric Norac.

 

 

 

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bouquetin

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