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Hommage aux musiciens australiens et néo-zélandais de la Grande Guerre

Sacrifice, Hommage aux compositeurs ayant participé à la bataille de la Somme, The Flowers of the War (direction : Christopher Latham), œuvres de Händel, Warren, Butterworth, Hahn, Kelly, Gurney, etc. « Les musiciens et la Grande Guerre » (25), Hortus 2017 (Hortus 725).

20 mars 2018, par Jean-Marc Warszawski ——

Le 25e album « Les musiciens et la Grande Guerre », publié par Hortus à l’occasion du centenaire, est consacré à l’Australie, qui envoya, dans le sillage de la Grande-Bretagne, plus de 400 000 de ses citoyens, tous volontaires, au combat. Ils livrèrent bataille dans les Dardanelles, en Palestine, en France, dans la Somme, à Arras, à Hamel, en Belgique, à Ypres. Plus de 60 000 d’entre eux périrent. Proportionnellement à la population, moins de cinq millions d’habitants, ce fut un des tributs les plus lourds.

Ce triste événement marque la mémoire collective des Australiens. Chaque 25 avril, en Australie et sur tous les lieux où les soldats australiens prirent part aux opérations militaires, ils commémorent depuis 1921, le jour de L'ANZAC, de l'Australian and New Zealand Army, nom donné au corps d’armée qui participa aux combats dont la bataille de Gallipoli, contre les Turcs, commencée le 25 avril 1915, où les combattants australiens et néo-zélandais furent défaits avec une perte de  8 000 hommes, et la bataille de Villers-Bretonneux, en France, où dans la nuit du 24 au 25 avril 1918, ils stoppèrent les troupes allemandes, marquant leur recul général.

Christopher Latham, violoniste, directeur de plusieurs festivals de musique australiens, dont le Festival international de Canberra (la capitale de l’Australie), consacre une grande partie de ses activités à cette commémoration, et aux compositions des années 1914-1918, à la tête de son ensemble « Flowers of War ».

Le cédé s’ouvre avec un arrangement de la Marche funèbre de Saul, de Händel (oratorio HWV 53), ici inspiré par la version de Stokowski, qui était jouée au cours des cérémonies d’enterrement. Un orchestre en demi-teinte, d’où surgit, démesurément projetée, la voix puissante du ténor, écrasant l’espace sonore, indestructible, qui installe ainsi une atmosphère quelque peu surréaliste.

La fin est annoncée par la récitation, en anglais et en français, de l’ode de Robert Laurence Binyon, For the Fallen (Pour ceux qui sont tombés) publiée en septembre 1914, traditionnellement lue aux cérémonies commémoratives.

Ils partirent à la bataille en chantant.
Ils étaient jeunes, le regard clair,
sûrs d’eux et rayonnants
loyaux jusqu’au bout,
malgré les obstacles innombrables.
Ils sont tombés, faisant face à l’ennemi.

Ils ne vieilliront pas comme nous
qui leur avons survécu
Ils ne connaîtront jamais l’outrage
ni le poids des années
Quand conviendra l’heure du crépuscule
et celle de l’aurore,
nous nous souviendrons d’eux.

Enfin la retraite au clairon par cette voix, si terriblement solide, très en avant des autres plans sonores.

On a compris, par un programme d’œuvres composées au front, ce cédé n’est pas seulement un documentaire sur les musiques de l’époque, il est un hommage, enregistré en public lors de trois concerts de commémoration de la bataille de la Somme, aux compositeurs et musiciens australiens et néo-zélandais tombés au cours de la bataille de la somme, comme George Wilkinson, Willie Braithwaite, Francis Purcell Warren, Frederick Septimus Kelly, George Butterworth, F. S. Kelly, ou Ivor Gurney, capturé, puis après-guerre passant le reste de sa vie en hôpital psychiatrique.

Les sonneurs de cornemuse et les tambours (plus de 330 ont été tués) sont aussi évoqués, dont James Cleland Richardson, disparu en voulant récupérer son instrument après avoir aidé à transporter les blessés. En 2002 sa cornemuse a été retrouvée en Écosse.

Pour faire bonne mesure, le Noël en Picardie de Jacques Ibert et à À Chloris de Reynaldo Hahn, composés au front, sont également au programme, ainsi que les œuvres de deux soldats allemands, Walter Braunfels, qui fit une belle carrière jusqu’à l’instauration du nazisme et Botho Sigwart dont la carrière fut arrêtée en juin 1915 par une balle dans la poitrine.

Toutes ses pièces sont arrangées pour un ensemble assez original : un quatuor à cordes (Zbigniew Kornowicz, Joanna Rezler, Paul Mayes, Catherine Delanoue), auquel s’adjoint David Novak (accordéon), Christopher Latham (violon, arrangements, direction), Andrew Goodwin (ténor), avec la participation de Jordan Aikin (cornemuse) et pou la lecture de l'ode, Christine Benoist.

Un programme bien pensé, bien mené, touchant, original, étrange à première oreille, qui gagne en émotion et beauté à chaque écoute. Lecture du livret indispensable.

Friedrich Händel, Marche funèbre de Saul (extrait).

 

Reynaldo Hahn, À Chloris (extrait)

 

 

Jean-Marc Warszawski
20 mars 2018

 

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Mardi 20 Mars, 2018 3:24