musicologie
3 avril 2017, par Jean-Marc Warszawski ——

Sonates de Johannes Brahms et Alban Berg par Florian Krumpöck

Florien Krumpöck (piano), Alban Berg (Sonate pou piano opus 1), Johannes Brahms (sonate pour piano opus 5). Solo musica 2016 (SM 253).

Enregistré les 26-26 juin 2016, à la Kurhaus de Semmering.

C'est une bonne idée d'inscrire la troisième sonate pour piano, qui est aussi la dernière, de Johannes Brahms, son œuvre cinquième composée en 1853, il a alors 20 ans, et la première œuvre d'Alban Berg, son unique sonate pour piano, composée en 1907-1908 à l'âge de 22 ans. Ce n'est pas la première fois que cet appareillage est fait.

On peut en tirer quelques traits symboliques,  y ajouter que Johannes Brahms représente le dernier romantisme et qu'Alban Berg le renouveau moderniste.
Un romantisme qui peine à développer, mais qui varie et confronte à merveille dans une harmonie orchestrale somptueuse, une modernité qui revitalise l'art de la prolifération à partir d'une thématique réduite.

Il y a peut-être dans la colossale et magnifique 3e sonate de Brahms, si chantante et chatoyante, avec ses réminiscences de Beethoven, et même un emprunt plus explicite de l'Adagio de la sonate dite Pathétique dans le second des cinq mouvements, le chant de cet amour que le compositeur portait à  Clara Schumann (l'œuvre fut composée créée chez les Schumann à Düsseldorf). En exergue au second mouvement, peut-être le premier composé des cinq, Brahms a placé un tercet extrait des Junge Liebe (Amours de jeunesse) de C. O. Sternau (Otto Julius Inkermann)

Der Abend dämmert, das Mondlicht scheint
Da sind zwei Herzen in Liebe vereint
Und halten sich selig umfangen.

Le soir tombe, la Lune brille
Là, deux cœurs amoureux sont unis
Et s'enlacent, bienheureux.

En fait, on pourrait parler de la sonate d'Alban Berg comme d'une œuvre du fin fond du romantisme entretenant des accointances avec Schumann et Brahms. Si après le foisonnement de la troisième sonate du Hambourgeois devenu Viennois l'œuvre de Berg en un mouvement  fait l'effet d'une grande respiration, elle ne développe pas moins de beaux motifs mélodiques, de la passion, de la séduction. Cette pièce, commande de son professeur Arnold Schönberg, a la réputation d'être une œuvre scolaire et de jeunesse. Pourtant Berg y montre déjà la maîtrise hors du commun qu'il possède pour mener une grande forme, et son goût pour les symétries, essentielles à la perfection musicale selon lui. Ce mouvement de sonate, toujours tendu, est en trois parties strictement équilibrées : Exposition, Développement, Ré-exposition, correspondant à une montée par vagues au climax central et à une descente vers la sérénité et l'installation claire de la tonalité de si mineur, après avoir intriqué tonalités, gammes par tons et chromatismes, sonnant parfois entre Debussy et Wagner.

Peu connu en France, Florian Krumpöck fait une belle carrière de concertiste et de chef d'orchestre en Allemagne. Remarqué et soutenu à ses débuts par Daniel Barenboim, il est aujourd'hui directeur musical du Volkstheater de Rostock et chef de la Norddeutschen Philharmonie. Il dirige depuis six ans les cycles des concerts Blüthner de Vienne. Il a enregistré une dizaine de cédés, comme pianiste, chef d'orchestre ou pianiste et chef d'orchestre.

Alban Berg, Sonate pour piano, premières mesures. Plage 6.

Jean-Marc Warszawski
3 avril 2017
tous ses articles

rect acturect biorect texterect encyclo

À propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale| Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

paypal

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.

ISNN 2269-9910.

cul

Lundi 20 Novembre, 2023