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Musique de chambre à Giverny : sur la route de la soie

Franghiz Ali-Zadeh et Michel StraussFranghiz Ali-Zadeh et Michel Strauss. Photographie © musicologie.org.

Tous les ans, à l'initiative et sous la direction du violoncelliste Michel Strauss, musique de chambre à Giverny réunit en résidence une trentaine de musiciens, des juniors parmi les plus prometteurs de leur génération et quelques séniors blanchis sous le pupitre, dans un répertoire exigeant, avec une bonne dizaine de concerts. Cette 14e session 2017 s'est tenue du 17 au 27 août. Les thèmes en étaient « La route de la soie et les Mille et une nuits», « Musique en révolution ». Franghiz Ali-Zadeh, compositrice azerbaïdjanaise en était l'invitée.

Concert du vendredi 18 août, Mairie de Vernon ——

Franghiz Ali-Zadeh, Quatuor à cordes « Mugam Sayagi » (1993)

Fedor Rudin (violon 1), Julia Turnovsky (violon 2), Kei Tojo (alto), Joris Van den Berg (violoncelle).

Née à Bakou en 1947, Franghiz Ali-Zadeh a suivi un double cursus de pianiste et de compositrice. Au piano, elle défend les compositeurs contemporains y compris occidentaux. Elle inaugure son catalogue en 1970, avec une sonate pour piano à la mémoire d'Alban Berg. Ses autres influences sont la musique traditionnelle d'Azerbaïdjan, son pays, où elle est élue en 2007 Présidente de L'Union des compositeurs, les musiques du Moyen-Orient et de Chine, dont elle utilise aussi les instruments, comme en 2004 avec Zikr, pour  voix et orchestre, mêlant instruments occidentaux, moyen-orientaux et chinois, qui peuvent dans d'autres œuvres côtoyer une bande magnétique ou un synthétiseur.

Confluences sonores régionales d'un monde cosmopolite où rien ne s'impose sur rien, sinon la vision personnelle et inventive de la compositrice ; confluences également de styles et d'époques : passé, académisme, modernisme, fondus et reforgés par une expérience singulière. Une attitude qu'on peut rapprocher de celle du géant Sergueï Prokofiev, dont Franghiz Ali-Zadeh ne réclame pas l'héritage, tout en brassant comme lui les effets rugueux, les motifs mécaniques, le lyrisme, l'installation dans le temps, le détail qui modifie l'écoute.

Kei Tojo.Kei Tojo. Photographie © musicologie.org.

Le titre de ce quatuor fait référence au mugham azerbaïdjanais, musique traditionnelle savante, à la fois structurée et largement improvisée, sédimentant les différentes influences de la longue et complexe histoire régionale  — ceci expliquant cela. Il était essentiellement joué et chanté aux deuils, aux mariages, aux assemblées de connaisseurs, par les ordres soufis ou dans les drames religieux.

L'œuvre se développe en quatre épisodes enchaînés : une longue mélopée préludante (près de la moitié du temps d'ensemble), en partie ornée, réservant ses secrets,  un passage opposant une inquiétude rugueuse à une variation légère quelque peu sarcastique s'achevant sur une danse frénétique, une  lente psalmodie aigüe qui se résout elle aussi dans une rythmique soutenue, et retour symétrique à la mélopée d'ouverture.

Nikita Boriso-Glebsky, Julia Turnovsky, Franghiz Ali-Zadeh, Fedor Rudin, Lisa StraussNikita Boriso-Glebsky, Julia Turnovsky, Franghiz Ali-Zadeh, Fedor Rudin, Lisa Strauss. Photographie © musicologie.org.

Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade, suite symphonique en 4 mouvements, opus 35. Composée de février à juillet 1888, créée à Saint-Pétersbourg en 1889. Transcription des mouvements 1 et 2, pour cordes, flûte, clarinette et harpe, par Willy François, Simon Loiseleur, Corentin Boissier, Audrey Cabarrou, classe de Cyrille Lehn, Conservatoire national supérieur de Paris.

Adriana Ferreira (flûte), Bogdan Sydorenko (clarinette), Marcel Cara (harpe), Aylen Pritchin, Nikita Boriso-Glebsky, Luka Ispir (violons 1), Fedor Rudin, Julia Turnovsky (violons 2); Vladimir Percevic, Xavier Jeannequin (altos), Zlatomir Fung, Joris Van den Berg (violoncelles), Jean-Édouard Carlier (contrebasse).

Malgré ses obligations d'officier de marine, Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) est la grande figure du célèbre « Groupe des cinq » ou pour les Russes, « puissant petit groupe » (Mili Balakirev, César Cui, Alexandre Borodine, Modest Moussorgski), les compositeurs russophiles, qui désiraient s'enraciner dans leur environnement, ne plus composer académiquement comme des Italiens, des Français ou des Allemands (comme l'étaient d'ailleurs leurs nourrices).

Musique de chambre à GivernyFormation d'ensemble à cordes. Photographie © musicologie.org.

Muté à l'état-major, sédentaire avec du temps libre, il est nommé en 1871, professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, deux ans plus tard, le poste d'Inspecteur des orchestres de la marine impériale est créé pour lui.

En 1893, la mort de Tchaïkovski lui donne une nouvelle jeunesse. Il est enfin le premier compositeur russe, au premier rang pour les commandes intéressantes.

En 1905, il s'oppose au renvoi des étudiants ayant participé aux manifestations, prend publiquement parti pour eux. Il est lui-même renvoyé, ce qui provoque un immense scandale.

Plus on aime le célèbre Vol du bourdon et souvent sa vitesse supersonique, moins on estime ce compositeur qui a produit des trésors musicaux d'un tout autre niveau, comme cette Shéhérazade orientalisante, inspirée des Mille et une nuits, à laquelle le compositeur a désiré ôter les sous-titres des mouvements, afin d'éviter que les intentions descriptives (évidentes) et l'anecdotique nuisent à l'écoute de la musique qui est une de ses grandes réussites, avec le beau thème cyclique (qui revient en fait comme un Leitmotiv) emprunté au poème symphonique Thamar de Balakirev, unifiant une écriture particulièrement complexe.

Bogdan Sydorenko. Photographie © musicologie.org.

Tan Dun, Eight Colors, suite pour quatuor à cordes, composées en 1986-1988, créées le 13 juin 1988 à Stuttgart, par le New Zealand String Quartet ; Marco Polo, Le livre des merveilles, rédigé en 1298.

Fedor Rudin (violon), Aylen Pritchin (violon), Vladimir Percevic (alto), Lisa Strauss (violoncelle), Alexis Gilot (récitant).

Né dans la région du Húnán en chine, Tan Dun a neuf ans quand la Révolution culturelle est proclamée. Il passe plusieurs années dans les plantations de riz d'un village, avant de pouvoir revenir à Pékin, et d'intégrer, à l'âge de dix-neuf ans, la classe de composition du conservatoire central de Pékin à sa réouverture en 1976. Il s'installe aux États-Unis en 1988.

Tan Dun, qui dit  se balancer et nager librement entre plusieurs cultures, a été très intéressé par la découverte du modernisme occidental, particulièrement l'atonalité, mais il le travaille à la chinoise, selon lui. En fait, comme pour Franghiz Ali-Zadeh, une appropriation personnelle de différents mondes sonores.

Ce quatuor est la première pièce que Tan Dun a composée après être arrivé aux États-Unis. Ce sont huit très courtes pièces, comme huit peintures au pinceau, formant un drame, où chaque « couleur » est inspirée des techniques de l'Opéra de Pékin. Toujours selon l'auteur :

  1. L'Opéra de Pékin
  2. Ombres
  3. L'actrice rose
  4. La danse noire
  5. Zen
  6. Tambour et gong
  7. Nébulosité
  8. Sauna rouge

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Jean-Marc Warszawski

Les concerts de la session 2017

1. Ode à la joie ; 2. Sur les routes de la soie ; 3. Le mythe et la musique ; 4. Au cœur des Mille et une nuits ; 5. Au bord de la Caspienne ; 6. Soirée Franco-Russe ; 7. La Révolution d'octobre ; 8. La poédsie et la musique ; 9. La révolution de l'art en musique ; 10. Deux géants de la révolution en musique ; 11. Prends garde à toi !

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Mercredi 15 Novembre, 2023