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10 janvier 2017, par Jean-Marc Warszawski ——

La Marseillaise orchestrée par François-Joseph Gossec

Gossec François-Joseph, La Marseillaise (orchestre et chœurs), édition par Louis Castelain. Cahier 285, Éditions du Centre de musique baroque de Versailles, 2016 [72 p. ; ISMN 979-0-56016-285-0 ; 51€].

Le soulèvement populaire de 1789 aurait pu se conclure durablement, après la fuite ratée de Varennes du 21 juin 1791, avec le serment de Louis XVI, au  4 septembre 1791, instituant la monarchie constitutionnelle.

Le 27 août 1791, les princes de Saxe et l'empereur se réunissent à Pillnitz et exigent la restitution des pouvoirs au roi de France.

Une partie des révolutionnaires (les Brissotins qui deviendront les Girondins) est favorable à la guerre en pensant que cela forcerait le roi à choisir son camp, d'autres avec Robespierre, moins nombreux,  redoutent cette guerre. Le roi espère que la défaite de la France le restituera dans son pouvoir. Le 23 mars 1792,  il remplace ses ministres royalistes (les feuillants), divisés sur la question de la guerre, par des brissotins, les partisans de Jacques-Pierre Brissot (1754-1793).

Le 20 avril 1792, sur la proposition du roi, l'Assemblée législative déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », c'est-à-dire à l'archiduc d'Autriche François II de Habsbourg.

Claude-Joseph Rouget de Lisle, capitaine du génie, est alors en garnison à Strasbourg, fréquente les soirées patriotiques du maire de la ville, le baron Frédéric Friedrich, taquine la plume en amateur.  Ignace Pleyel a déjà mis en musique son Hymne à la liberté. Il écrit et compose, après le 20 avril 1792, un Chant de guerre pour l'armée du Rhin. Texte et musique sont édités, le chant a un grand succès dans les troupes, les copies circulent, les journaux le diffusent, dont le 23 juin, le « Journal des départements méridionaux de Marseille ».

Comme le roi l'espérait et Robespierre le redoutait, les armées françaises, déstructurées par l'abandon des aristocrates qui en formaient les commandements, sont immédiatement défaites. Pour protéger Paris, on fait appel, malgré le veto du roi, aux Fédérés des gardes nationales, dont un bataillon formé à Marseille se met en marche vers Paris le 2 juillet, popularisant le Chant de guerre pour l'armée du Rhin tout au long de sa progression, jusqu'à son arrivée à Paris le 30 juillet.

Pour faire face aux urgences de la guerre, les 5 et 6 juillet 1792, l'Assemblée législative se penche sur « les mesures à prendre quand la patrie est en danger », 19 articles réglant la première mobilisation générale de la Nation.

Le 11 juillet, l'Assemblée législative prend acte de l'incapacité du gouvernement à défendre la Révolution, encore une fois sans tenir compte du veto du roi, s'empare du pouvoir exécutif et déclare la Patrie en danger.

Paris, où affluent les troupes fédérées, s'agite, dans une situation liée à la trahison du roi qui souhaite la défaite de la nation et s'oppose par des vetos répétés à toute mesure de défense. Le 1er août, les Parisiens prennent connaissance des menaces du duc Brunswick, lequel promet de détruire Paris s'il  est fait outrage à la famille royale.

La 10 août les Parisiens se soulèvent, se font tirer dessus par les gardes suisses qui défendent la résidence royale des Tuileries, les Fédérés, ceux de Marseille et de Bretagne en tête viennent à la rescousse. À la fin de la journée (sanglante), le roi est destitué, la famille royale emprisonnée.

Le 21 septembre la Convention nationale proclame la république.

Le chant de guerre des armées du Rhin est devenu le chant des Marseillais, puis La Marseillaise.

Le 26 messidor an III (14 juillet 1795), la Convention adopte la Marseillaise comme hymne national.

François-Joseph Gossec, malgré l'ombrage que lui a fait Gluck est un compositeur estimé et un administrateur d'institutions musicales reconnu, qui a rejoint la Révolution. Le 30 septembre, il crée une scène lyrique L'Offrande à la liberté, qui comporte une orchestration (la première) de La Marseillaise. Ce spectacle a un très grand succès, il est repris plus de cent fois jusqu'en 1799.

Pour cette édition, Louis Castelain a choisi de n'éditer que La Marseillaise, jugeant le reste de l'œuvre, en fait une courte introduction en récitatif, de moindre intérêt. Jugement que nous ne partageons pas, que la musicologie n'a pas à de mêler de jugement esthétique, mais doit montrer et expliquer ce qui fut. D'un autre côté, on n'a pas à demander aux artistes de justifications historiques dans leurs choix esthétiques.

Que cela ne gâte pas le plaisir et l'émotion (ou les surprises) que peut dégager cette partition, soignée, comme toutes les éditions du Centre de musique baroque de Versailles.

Matériel d'orchestre et réduction voix-clavier disponibles ou prochainement disponibles.

Jean-Marc Warszawski
10 janvier 2017

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