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Monaco, le 27 mars 2017, par Jean-Luc Vannier ——

L'opéra de Monte-Carlo devient Cinecittà le temps d'un savoureux Il barbiere di Siviglia

Annalisa Stroppa (Rosina), Mario Cassi (Figaro) et Dmitry Korchak (Le Comte Almaviva). Photographie © Alain Hanel.

Les visages arboraient, dimanche 26 mars salle Garnier, de larges sourires à l'issue d'un savoureux Il barbiere di Siviglia élaboré initialement à l'opéra de Lausanne. Et pour cause : loin de surcharger ou de dénaturer l'œuvre par narcissisme de son auteur — comme cela arrive trop souvent —, la mise en scène signée Adriano Sinivia rehausse avec originalité toutes les couleurs de ce melodramma buffo en deux actes de Gioacchino Rossini. Elle en allège aussi toutes les articulations scéniques en créant avec intelligence cette ambiance si réceptive de divertissement. Le livret de Cesare Sterbini est donc transposé dans les célèbres studios romains de la Cinecittà où les accessoiristes vont et viennent sur le plateau, où les projecteurs occupent l'avant-scène, où la maquilleuse n'est jamais très loin pour repoudrer les artistes et où le clapman intervient pour séquencer chaque tableau ! Le tout dans une atmosphère bon enfant dont l'apparente décontraction ne laisse finalement rien au hasard. Un climat propice aux chanteurs qui nous communiquent aisément leur jubilation. Tout au plus regretterons-nous — une fois encore — une profusion de la vidéo : son exploitation demeure certes, ici ou là, à très bon escient comme celui chargé d'illustrer le sommeil de Bartolo ou celui qui accompagne le duo en vespa de Figaro et du Comte Almaviva.

Dmitry Korchak (Le Comte Almaviva) et Mario Cassi (Figaro). Photographie © Alain Hanel.

La direction musicale de Corrado Rovaris manque un peu d'enthousiasme et nous semble trop ralentir le rythme de certains récitatifs. Surtout en première partie. L'ouverture suscite de très agréables sonorités de l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo et les interventions des pupitres, bien détachées, nous apparaissent parfois jouées sur un mode légèrement atténué.

Dmitry Korchak (Le Comte Almaviva) et Annalisa Stroppa (Rosina) Photographie © Alain Hanel.

La distribution des voix, très jeunes dans leur ensemble, donne un authentique éclat à ce Barbiere monégasque. Entendu par notre collègue Frédéric Norac dans Les Pêcheurs de perles à l'Opéra-Comique en juin 2012, Dmitry Korchak interprète un Comte Almaviva très enjoué : nonobstant un grain de voix très agréable, avec ce qu'il faut de ce timbre suave dans les médiums, le ténor russe aborde certains aigus sur la corde raide avec, en outre, des vocalises un peu sèches, principalement à l'acte I. Son « Cessa di piu resistere » à l'acte II et sa prestation finale sont en revanche nettement à la hauteur. Le baryton-basse Mario Cassi, remarqué dans le rôle du Sergent Belcore d'un Elixir d'amour à Nice en 2011, scotche le public par les forte surpuissants et l'émission vocale spectaculaire de son Figaro : les murs des décors en trembleraient presque ! Nous avions déjà relevé et vivement apprécié les performances lyriques de la mezzo-soprano Annalisa Stroppa dans un Il Mondo della luna en mars 2014 sur le Rocher. Elle chante Rosina avec le même talent : ligne de chant impeccable dans son « Una voce poco fa » avec des aigus clairs et stables, des vocalises particulièrement onctueuses sans oublier une présence scénique très convaincante. La basse Deyan Vatchov réussit brillamment son interprétation du personnage de Don Basilio et son talent, vocal et scénique, culmine dans son air « La calunnia è un venticello ». Malgré un souffle un peu court dans certains récitatifs, le baryton Bruno de Simone chante Bartolo avec vigueur et justesse de ton et ne manque rien dans son « A un dottor della mia sorte » à l'acte I. Signalons la prestation très applaudie de la mezzo-soprano Annunziata Vestri dans le rôle de Berta, notamment à l'issue de son irréprochable « Il vecchiotto cerca moglie » à l'acte II. Les chœurs de l'opéra de Monte-Carlo (Stefano Visconti) chantent et jouent parfaitement dans une scénographie très rythmée qui, folklore italien oblige, se termine forcément par d'abondantes pasta et des flots de chianti accompagnant joyeusement le départ des amoureux en fiat 500 vintage rouge !

Monaco, le 27 mars 2017
Jean-Luc Vannie
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Il barbiere di Siviglia. Photographie © Alain Hanel.


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