Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : Un parcours découverte : entre le temps de Bach et celui de Mozart

Jean [-Baptiste] Barrière (1707-1747)

Bordelais de naissance, ce musicien s'imposa à Paris comme violiste, puis comme violoncelliste, d'abord à l'Académie royale de musique et, ultérieurement, après un long voyage en Italie, au Concert spirituel. Entre 1733 et 1740, à une époque où, en France, le violoncelle peinait à s'imposer face aux tenants de la viole, il publia successivement quatre livres de sonates pour violoncelle et basse continue. Des œuvres tout aussi italiennes que françaises qui irradient une chaleur très particulière avec leurs teintes assez crépusculaires. La virtuosité y est très présente « au service d'une expression parfois agitée, voire tourmentée, mais qui sait dans les mouvements lents se transformer en chant le plus lyrique, avec toutefois une dose de retenue et de pudeur des plus délicates. »¹ Derrière un langage qui reste très baroque, on apprécie la superbe liberté dont Barrière fait preuve dans ces sonates : « récitatifs à l'italienne dans la sonate n^o 4 (livre III), roulements dionysiaques de doubles cordes, souvenir de sérénades espagnoles et, surtout, cette curieuse solitude qui émane des mouvements lents, notamment l'adagio de la Sonate n^o 2 du livre II ou l'aria (3^e mouvement) de la Sonate n^o 2 du livre III, rêveuses promenades dans l'ombre de l'instrument. »²