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Orsay en fête : trois jours en musique avec la garde républicaine

 

Du 22 au 24 janvier derniers, le musée d'Orsay et les formations musicales de la Garde républicaine se sont associés pour créer un événement : espaces d'exposition constamment remplis de musique.

29 janvier 2016, par Strapontin au Paradis ——

 

La musique de la Garde répuiblicaine au Musée d'Orsay de Paris.La musique de la Garde répuiblicaine au Musée d'Orsay de Paris. Photographie © S. Boegly / musée d'Orsay.

Cette « grande fête musicale et populaire », comme le définit Luc Bouniol-Laffont, chef du service culturel et directeur de l'auditorium du musée d'Orsay, est née autour d'une date : 1848, année qui vit naître la première formation musicale au sein de la Garde républicaine1 et marque également le début de la période couvrant la collection du musée, qui s'étend jusqu'en 1914.

Pendant trois jours, l'orchestre, la batterie napoléonienne et les trompes de chasse de la Garde républicaine ont offert des concerts divers et variés ; des fanfares et des harmonies d'Île-de-France (La Sirène, orchestre d'harmonie de Paris, et Orchestre d'harmonie de Pantin) ainsi que des élèves du Conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris ont rejoint la fête pour donner des animations dans la nef et dans différentes salles où étaient accrochées des œuvres évoquant la musique.

Les temps forts

Les deux concerts en soirée et le concert de clôture dans la nef constituaient les moments les plus appréciés par le public.

Le premier faisait office du concert d'ouverture, par l'orchestre symphonique de la Garde républicaine et le chœur de l'Armée française, avec Stéphane Degout (baryton) et Julie Fuchs (soprano), sous la direction de Sébastien Billard, le vendredi 22 janvier. Il était composé d'airs et d'extraits orchestraux d'opéra, où on entendait des tubes de la musique français : La Marche hongroise de Berlioz, L'Arlésienne de Bizet, Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy, Scherzo-valse de Chabrier, mais aussi le « Chœur des Tziganes », extrait de l'opéra Dimitri de Joncière et le « Chœur des Romains », extrait de l'opéra Hérodiade, de Massenet — on se réjouit d'entendre enfin ces musiques dans un concert populaire ! Ces pièces ont été complétées par celles de Verdi, Rossini, Lehár, ou Donizetti.

Julie Fuchs et Stéphane Degout au Musée d'Orsay.Julie Fuchs et Stéphane Degout au Musée d'Orsay. Photographie © S. Boegly / musée d'Orsay.

Samedi 23 janvier, l'orchestre d'harmonie de la Garde républicaine a donné un concert symphonique (L'Apprenti sorcier de Dukas, suite d'orchestre de Faust de Gounod et Tableaux d'une exposition de Moussorgski), sous la baguette de François Boulanger.

Dimanche à la fin de l'après-midi, le concert de clôture voulait être participatif, précédé d'un atelier de « répétition » avec le chœur de l'Armée française dirigé par Aurore Tilac et d'un mini-concert (lui aussi participatif) du même chœur avec Emily Fleury comme chef. Les pièces choisies ne sont pas forcément connues du grand public (Invocation de Debussy, Pour les funérailles d'un soldat et Pendant la tempête de Boulanger, Djinns de Fauré…) mais on s'en donnait à c(h)œur joie, tout comme au concert final où on entonnait le « chœur des esclaves » de Nabucco de Verdi.

Les promenades musicales dans la nef

Des promenades ou déambulations musicales dans la nef donnaient une touche de « fête populaire ». Au cours de ces promenades de 15 minutes, intitulées « kiosque » (bien qu'il n'y eut pas en vrai de kiosque), la batterie napoléonienne, les trompes de la chasse de la Garde républicaine et les orchestres d'harmonie se déplacent au long de la nef, en jouant ou en s'arrêtant le temps d'un morceau. Les musiciens de la batterie et des trompes de chasse sont vêtus d'un uniforme d'époque (et les visages des hommes de la batterie sont tous ornés d'une abondante moustache et de rouflaquettes !), amplifiant l'imaginaire folklorique de la musique qu'ils jouent. En effet, les pièces jouées, militaires ou non, ainsi que leurs titres tels que Le réveil au bivouac, Le Pas cadencé des sans-culottes, La Valse des tambours pour la batterie, Souvenirs de Vincennes de Lavigne père ou La Marche des cerfs de Thyberge pour les trompes de chasse, suscitent notre curiosité pour des éléments et faits anciens, devenus aujourd'hui folklore. La belle qualité de l'interprétation est parfois combinée à des pas redoublés spécifiques et à des gestes minutieusement réglés.

Les trompes de chasse de la Garde républicaine au Musée d'OrsayLes trompes de chasse de la Garde républicaine au Musée d'Orsay. Photographie © S. Boegly / musée d'Orsay.

Une œuvre en musique

Il s'agit d'un bref commentaire d'une œuvre plastique ou picturale, suivi d'une interprétation musicale de 15 minutes environ. Les œuvres choisies sont : la maquette de l'Opéra de Charles Garnier, Le Fifre d'Édouard Manet (1866), Le Rêve d'Édouard Détaille (1888), Souvenir, Alsace-Lorraine de Paul Dubois, une sculpture de 1905,Danse à la ville et Danse à la campagne d'Auguste Renoir (1883). Chaque séance devait être limitée à 30 personnes, mais à cause d'un grand nombre de bruyants bavards regroupés autour de la pièce, il était hélas ! presque impossible d'entendre, selon la place où l'on se trouvait, le conservateur-conférencier, qui n'était certes pas doté d'une voix de chanteur d'opéra ! Les morceaux musicaux, essentiellement contemporains des œuvres présentées, L'Arlésienne de Bizet pour la maquette de l'Opéra, ou s'inspirant  d'un de ses éléments, le piccolo ou la flûte pour la toile de Manet, Le Fifre, sont interprétés par des élèves du Conservatoire supérieur de musique de Paris.

Conférences et autres événements

Trois conférences ont été données samedi et dimanche : « Les musiciens de la République » (brève histoire de l'orchestre de la Garde républicaine) par Sylvie Hue, clarinette solo de l'orchestre ; « Géographie sonore des musiques militaires en France au XIXe siècle » et « Les pratiques amateurs de la musique pendant la IIIe République » par Jann Pasler, musicologue et professeur à l'université de Californie. Ces trois conférences donnèrent un aperçu des musiques interprétées par des formations militaires et de celles pratiquées par la population, souvent fortement liées aux premières, contribuant à la démocratisation de la musique à la fin du XIXe siècle. Dans la « Géographie sonore… », Jann Pasler met en évidence le rôle crucial que jouèrent les fanfares, harmonies et chœurs, qui jouaient dans les kiosques des extraits d'airs et de pièces orchestrales d'opéras qu'on allait entendre quelques mois plus tard dans les salles, c'est-à-dire « en avant-première » selon le langage actuel.

Outre ces conférences, les enfants pouvaient participer, samedi et dimanche, à des ateliers et « un banquet républicain » dominical de la IIIe République a été organisé dans le restaurant « 1900 » du musée.

La manifestation a tiré un bilan incontestablement positif, permettant probablement la poursuite d'une collaboration plus étroite et de longue durée entre les deux institutions.

Batterie de la Garde républicaine au Musée d'Orsay de Paris. Batterie de la Garde républicaine au Musée d'Orsay de Paris. Photographie S. Boegly / musée d'Orsay.

 

Strapontin au Paradis
29 janvier 2016

1. Le décret du 4 octobre 1802 pour la création des tambours et fifres, considérés aujourd'hui comme la première formation musicale de la Garde républicaine, concernait les 1er et 2e Régiments d'infanterie de la Garde municipale de Paris, et non de la Garde républicaine à proprement parler.

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