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musicologiedimanche 11 mai 2016

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Les 8e Journées Charles Bordes à Tours

Charles Bordes (1878-1909).

Tours, Musée des Beaux-Arts, 9 mai 2016, par Jean-Marc Warszawski ——

Michel Daudin, médecin le jour et musicologue les autres jours, chef de chœur ayant travaillé avec Michel Corboz à Genève, créateurs de plusieurs festivals de musique, est né à Vouvray bien des années après que Charles Bordes, également enfant du pays, y ait été définitivement inhumé en 1910. Mais, grâce à un vieil habitant, les présentations ont été faites. Un premier sentiment de curiosité pour le personnage s'est mué au cours des années en passion. Michel Daudin, Président de l'Association Charles Bordes qu'il a fondée, est également directeur des journées Charles Bordes à Tours, qui tiennent leur huitième session annuelle ces 9 et 11 mai.

Charles Bordes, élève de Marmontel pour le piano et de César Frank pour la composition, collecteur de chansons populaires basques pour le ministère de l'Éducation en 1889 et 1890, maître de chapelle de l'église Saint-Gervais de Paris, pionnier du renouveau de la musique ancienne, co-fondateur de la Schola Cantorum de Paris (à l'origine école de chant liturgique) dont il est rapidement écarté, œuvre à l'organisation du chant choral en créant des événements dans environ 200 villes françaises, et en instituant des Schola Cantorum en Avignon et à Montpellier, où il organise, en juin 1906, le premier congrès de chant populaire.

Cent dix ans plus tard, ce congrès est le thème des huitièmes journées tourangelles consacrées à Charles Bordes et à son œuvre.

Michel Daudin, Président de l'Association Charles Bordes, directeur artistique des journées Charles Bordes. Photographie © D. R.

La première soirée est consacrée à une conférence, dans la magnifique Salle Diane du Musée des Beaux-Arts, dans les bâtiments de l'ancien archevêché, séparé de la cathédrale par un magnifique cèdre.

Le congrès de Montpellier de 1906, comportait deux volets, celui de la musique liturgique et celui de la musique profane. Xavier Bisaro, Professeur à l'université François Rabelais de Tours, spécialiste des musiques liturgiques chrétiennes et Sabine Teulon Lardic, chercheuse associée à l'Université Paul-Valéry de Montpellier, spécialiste de la vie artistique à Montpellier, ont assuré une conférence à deux voix, propre à bousculer quelque peu les idées reçues, à propos de Charles Bordes, qui serait un militant de l'austérité intégriste des offices et d'un plain-chant purifié des agressions du temps.

Ce congrès montre une évolution de la conception des Schola Cantorum, vers le chant historique et populaire, fusionnant quelque peu le profane et le liturgique. Côté profane, ce congrès est un véritable festival décentralisé dans plusieurs lieux, avec des concerts de têtes d'affiche comme Emma Calvé, Wanda Landowska ou les danseuses de l'Opéra de Paris, mais aussi avec des amateurs, des folkloristes, des chansons occitanes, une kermesse. Petite surprise, on apprend que Charles Bordes désirait la présence d'Yvette Guilbert, vedette des Cafés concerts et des cabarets (bien entendu dans un autre répertoire), avec laquelle il collaborait, mais malheureusement retenue par d'autres engagements.

Charles Bordes et les chanteurs de Saint-Gervais.

Côté religieux, on signale la versatilité de la situation, peu après l'adoption de la loi instituant la séparation de l'Église et de l'État, et la volonté qu'a Bordes de ne rallier aucun camp partisan, radical ou religieux (donc d'accepter le statu quo). Si le programme musical comprenait sa part de musique liturgique, la Schola Cantorum (choristes, solistes et musiciens), continuant sa saison musicale y donna aussi des œuvres profanes en tous genres y compris des fragments d'opéra. Pour Xavier Bisaro, l'exercice virtuose d'équilibriste que joua Charles Bordes porta des fruits sur la durée, car ses funérailles montpelliéraines trois ans plus tard, rassemblèrent les représentants de groupes sociaux antagonistes. Mais la Schola Cantorum de Montpellier était devenue un des centres de la vie culturelle de la ville.

Demain dimanche 11 mai, en fin d'après-midi, cette fois à l'Hôtel de Ville de Tours, un hommage sera rendu à Yvette Guilbert, qui donna un premier concert-musée (selon Bordes) de chansons populaires françaises, avec les chanteurs de Saint-Gervais le 25 mai 1905. Au programme des chansons de cabaret, comme les célèbres « Madame Arthur » ou « Le fiacre », des airs du répertoire populaire des concerts de mai 1905, comme « Le roi fait battre tambour », des airs harmonisés par Déodat de Séverac à la demande de Charles Bordes et quelques-unes  de ses Fantaisies rythmiques pour piano.

Ce concert sera assuré par Hélène Delavault, accompagnée par Cyrille Lehn au piano.

Les journées Charles Bordes bénéficient régulièrement de collaborations musicales de haut niveau, les huitièmes ne font pas exception. Ce concert sera peut-être l'occasion de graver un septième cédé, presque tous les précédents ont eu une critique élogieuse.

Jean-Marc Warszawski
9 mai 2016

 

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ISSN 2269-9910

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bouquetin

Mercredi 7 Décembre, 2016 23:05