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samedi 9 avril 2016

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L'inculture du rédac'chef Laurent Bury

Bolchevique

 

À l'occasion d'un cédé de mélodies françaises de compositeurs russes (César Cui et Tchaïkovski), on peut lire sous la plume du rédacteur en chef adjoint du Forum Opéra ceci :

On le sait, la Russie fut longtemps très francophile, comme nous le rappelle La Dame de Pique où l'on chante Grétry en français dans le texte. Mais si les compositeurs russes eurent longtemps les yeux tournés vers notre pays, l'ère soviétique imposa une brusque russification, et les couplets de Monsieur Triquet dans Eugène Onéguine furent implacablement traduits [...]

En réalité, sous l'Ancien régime, l'élite russe méprisait le russe, la langue du peuple et des serfs. Leur langue culturelle était le français, et la musique était française, italienne ou allemande.

Bien avant les bolchéviques, les peintres ont refusé, en 1853, de participer au concours de l'Académie des beaux-arts, parce que le sujet était tiré de la mythologie allemande. Ils voulaient, selon un des meneurs, sortir enfin des jupes des nounous italiennes, et produire un art ayant leur environnement comme sujet, pour leur environnement.

Vingt ans plus tard, les musiciens ont suivi, avec le célèbre groupe des cinq, ou compositeurs russophiles, avec Moussorgski, le plus radical d'entre eux, mais il y avait aussi César Cui parmi eux. C'est presque cinquante ans avant la Révolution.

Le pouvoir soviétique n'a pas imposé une russification de la Russie (Russe par définition !), mais a mené une vaste campagne d'alphabétisation dans un pays majoritairement illettré (et non pas francophone comme semble le penser Laurent Bury). De la Révolution à 1940, 60 millions d'adultes sont alphabétisés et pratiquement toute la jeunesse est scolarisée, en Russie, la langue est le russe. De fait, la culture française y est encore plus rayonnante que sous l'ancien régime, les Lumières et la littérature française y sont prisées. Aujourd'hui, beaucoup de Russes qui ont étudié avant 1989, et peu après, parlent français (on peut le constater, beaucoup de musiciens russes sont aujourd'hui en France).

On, remarquera « implacable » dans « l'implacable traduction couplets de Monsieur Triquet », parce qu'en France tout est en version originale (y compris le vieux français), et qu'en Russie socialiste, tout ne pouvait être qu'implacable.

Dans un récent entretien, Rinaldo Alessandrini déclare à propos des madrigaux de Monteverdi :

« il n'était pas question de chercher à mieux faire, mais, avec humilité, de rendre aux madrigaux leur identité italienne. C'était la réappropriation de leur patrimoine par des Italiens ».

En Allemagne, les parents qui refusent le cours de religion à l'école pour leurs enfants sont taxés de communistes (certes, ça tend à passer), et quand on a les cheveux longs, de gauchiste (on ne sait pas si très long c'est extrême gauche). Là, à coup sûr, Alessandrini est un bolchévique.

Si on veut comprendre quelque chose à la faillite du bloc socialiste, il faut s'y prendre autrement, par exemple en faisant appel à la pensée critique encore cultivée il y a peu par les universités françaises, pour dépasser les images idéologiques et les réflexes de la guerre froide.

jmw

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truite

Dimanche 10 Avril, 2016 3:18