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mercredi 4 février 2016

Ballet de l'Opéra de Paris : retour au xixe siècle

Benjamin Millepied. photographie © Sébastien Micke.

 

Après avoir fuitées du robinet Paris Match, les choses se sont précipitées autour de la démission de Benjamin Millepied du poste de directeur du corps de ballet de l'Opéra de Paris. Les rumeurs ont été de courte durée, les journalistes en mal de copie ont cherché des petites bêtes sur l'imprévoyance du génial danseur-chorégraphe, ou l'envie de son épouse, l'actrice Nathalie Portman, de retourner aux États-Unis.

En un peu plus d'un an, Benjamin Millepied a soufflé la modernité dans les couloirs et sur la scène de la vétuste institution, jusques y compris sur la protection médicale des danseurs et aussi leur sécurité en faisant changer les revêtements des sols. Il a mis son immense renommée au service de la maison, et il a attiré de nouveaux mécènes.

C'est un artiste bourré de talent, d'idée et de capacité, mais il a reculé devant les batailles à mener contre le front de la solide vieille et arrière garde, le « papier peint » comme il aurait pu dire, la paperasse aussi.

Dommage pour la danse en France, dommage pour l'Opéra, dommage pour les jeunes danseurs.

Comme l'a déclaré Aurélie Dupont, la nouvelle directrice, au cours de la conférence de presse organisée dans l'urgence :

J'ai du respect pour cette maison. J'ai envie d'apporter plus d'excellence. Le Ballet de l'Opéra de Paris est une compagnie classique et le restera.

Fermer le ban, retour au xixe siècle.

Le communiqué de Benjamin Millepied

Après mûre réflexion. J'ai décidé de mettre fin à mes fonctions de Directeur de la Danse au sein de l'Opéra de Paris.

C'est avec honneur et reconnaissance que j'avais accepté l'invitation de Stéphane Lissner à occuper ces fonctions en novembre 2014 : une grande responsabilité et des enjeux passionnants.

Cette responsabilité, je l'ai assumée chaque jour avec pour seul objectif l'innovation au service du rayonnement de l'institution et de l'épanouissement des danseurs.

C'est un défi considérable que je crois avoir relevé avec succès, qu'il s'agisse d'une programmation artistique ambitieuse, de la création de l'Académie Chorégraphique et de la 3*fr* Scène, du développement considérable du mécénat et des collaborations avec de prestigieuses institutions culturelles françaises, ou encore de l'offre de soins dont les danseurs peuvent désormais bénéficier.

Si je démissionne malgré ces avancées que je sais pérennes et l'attachement sincère qui me lie aux équipes, aux danseurs, aux élèves et à toutes celles et ceux aux côtés de qui j'ai pu travailler, c'est uniquement pour des raisons personnelles.

Mes fonctions de Directeur de la Danse occupent aujourd'hui une telle place qu'elle réduit considérablement celle, essentielle à mes yeux, de la création et de l'expression artistique.

J'ai besoin de pouvoir m'y consacrer à 100%, comme chaque chose que j'entreprends, et comme cela a été le cas au sein de l'Opéra.

Les liens qui m'unissent à cette belle institution sont tels que je resterai présent à ses côtés, d'abord pour mener au terme de la saison le travail considérable que nous avons entrepris ainsi que pour accompagner les deux créations programmées la saison prochaine et sous d'autres formes que nous imaginerons peut-être ensemble avec l'Opéra dans les années à venir. Enfin, je reste à la disposition de la Direction pour faciliter la transition à mon poste.

J'ai aimé la mission qui m'a été confiée.

Je m'y suis investi en y mettant toute ma passion et mon savoir-faire.

L'Opéra de Paris pourra toujours compter sur moi.

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