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4 février 2015, par Jean-Marc Warszawski ——

Sympathique récital de Martin Sturfält au Goethe-Institut de Paris

Martin Sturfält, Goethe-Institut Paris, 3 février 2015. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Grâce à la branche française de la Fondation Blüthner, la Suède pianiste s'est installée le temps d'un récital à l'auditorium du Goethe-Institut en la personne de Martin Surfält, ancien lauréat de la Fondation.

Formé au Collège royal de musique de Stockholm et à la Guildhall School of Music and Drama de Londres, Martin Surfält a commencé très tôt une carrière internationale aujourd'hui bien déployée.

Jeune homme svelte et élégant, il semble un peu grand échalas devant l'instrument. Il y a quelque chose qui rappelle Glenn Gould, certains gestes, une manière de se concentrer, le costume ample. Mais il domine le clavier, proche et de haut par-dessus, les genoux pratiquement à la hauteur où Glenn Gould tenait le menton. Enfin presque.

Il a préparé un intéressant et beau programme, en lente progression, culminant dans les Kreisleriana de Robert Schumann, déferlement d'idées, d'inventions harmoniques mélangeant tout l'art du piano du temps et des suivants à l'amour qu'il portait à Clara Wieck qui deviendra son épouse deux ans plus tard en 1840. Mais Johannès Kreisler, de Kreisleriana, est aussi un maître de chapelle, musicien génial et sensible à fleur de peau inventé pas E. T. A. Hoffmann, écrivain qui influença son époque en général, Schumann en particulier.

Martin Sturfält, Goethe-Institut Paris, 3 février 2015. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

En réponse et conclusion, pourquoi pas commentaire ou clin d'oeil, Martin Sturfält a choisi les Libesleid et Liebesfreud (chagrin d'amour et plaisir d'amour), œuvres d'un autre Kreisler, Fritz celui-ci, célèbre violoniste qui vécut de 1875 à 1962. Jolies mélodies quelque peu languissamment salonardes, mises au piano tout seul et transcendées par Sergei Rachmaninov, finissant ainsi le concert dans un élan festif (même d'humour, à mon sens, avec Liebesfreud), sans rien lâcher de la virtuosité.

Le récital commençait par trois pièces assez courtes de musique suédoise : une suite de Johan Helmich Roman (1694-1758), le grand compositeur suédois du XVIIIe siècle. On aurait aimé, surtout dans le second mouvement un peu moins de raideur, un peu plus de legato — peut-être moins de puissance en fait — un peu plus de Glenn Gould, puisqu'on a évoqué le personnage.

Une belle pièce, un prélude, Les cloches de la nuit d'Anders Nilsson, un compositeur né en 1954. De belles résonnances amorcées et nourries tout au long par trois notes, trois sons de cloches qui empêchaient tant l'artiste de dormir qu'il a profité de l'insomnie pour composer son œuvre.

Une courte pièce tout en virtuosité chantante, étude de concert, bien XIXe siècle, de Laura Netzel (1839-1927).

Un programme sensible et intelligent très bien pensé, brillamment défendu par un pianiste qui aime communiquer, le beau son et la précision du détail. A-t-on envie de le réécouter ? Oui.

Jean-Marc Warszawski
4 février 2015


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