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Monaco, 30 octobre 2015, par Jean-Luc Vannier ——

Les jeunes voix lyriques de la Russie ovationnées à l'Académie de l'opéra de Monte-Carlo

Anna Nalbandiants, Opéra de Monte-Carlo. Photographie © Alain Hanel.

Lancée officiellement en décembre 2014 avec le Ballet du Théâtre Bolchoï et La Mégère apprivoisée de Jean-Christophe Maillot, l'Année de la Russie en Principauté s'est notamment poursuivie en mai dernier avec une version passionnée d'Eugène Oneguine par les solistes du Théâtre Mariinsky. Elle se clôturera le 17 décembre prochain par un concert exceptionnel avec le pianiste Denis Matsuev et l'orchestre philharmonique de Monte-Carlo à l'occasion du 175e anniversaire de la naissance de Piotr Ilitch Tchaïkovski.

Anastasia Donets, Opéra de Monte-Carlo, © Photographie Alain Hanel.

Initiative originale parmi ces nombreuses festivités russo-monégasques, le directeur de l'opéra Jean-Louis Grinda a invité dix jeunes chanteurs professionnels russes ou de culture russe — et aux provenances géographiques des plus étendues au sein de la Fédération de Russie — pour la première Académie de l'Opéra de Monte-Carlo : celle-ci vise à « transmettre les secrets des styles français et italiens auprès d'artistes étrangers ». Au terme d'un travail quotidien de trois semaines, nourries de séances intensives de répétitions et de conseils prodigués par Kira Parfeevets (chef de projet & chef de chant), Laurent Campellone (chef d'orchestre pour le répertoire français), Corrado Rovaris (chef d'orchestre pour le répertoire italien), Antoine Palloc (chef de chant pour le répertoire français), Samuele Pala (chef de chant pour le répertoire italien) et Muriel Corradini (coach linguistique), ces jeunes talents ont donné, jeudi 29 octobre salle Garnier, un superbe récital d'extraits d'opéras. Outre la présence du représentant de l'Ambassadeur de la Fédération de la Russie en France, Monsieur Alexandre Makogonov, cette manifestation, associée à la Fondation pour les initiatives sociales et culturelles (FSCI) et soutenue par le Ministère de la Culture de la Fédération de la Russie, a reçu le patronage remarqué de Madame Svetlana Medvedeva : l'épouse du Premier ministre russe y expliquait dans un message « être certaine que ces trois semaines de stage ont été une étape importante dans le développement professionnel de ces dix chanteurs » et souhaitait « de belles découvertes remplies d'émotion et de bonne humeur ».

Ilya Lapitch. © Photographie Opéra de Monte-Carlo

Accompagnés par les pianistes Kira Parfeevets, Samuele Pala et Antoine Palloc, lesquels ont aussi étonné les mélomanes par une surprenante Fantaisie brillante de Carl Czerny « sur les thèmes de La Sonnambula pour piano à 6 mains », Diana Aïssina, Maria Granitchnova, Anastasia Donets et Anna Nalbandiants (sopranos), Daria Tcherni, Anastasia Medvedeva et Karina Demourova (mezzo-sopranos), Artem Goloubev (ténor), Ilia Lapitch, (baryton) et Aleksandr Bezroukov (basse) ont interprété des œuvres de Rossini, Mozart, Puccini, Bellini, Verdi, Massenet, Gounod et Bizet.

Aleksandr Bezroukov, Opéra de Monte-Carlo. Photographie © Alain Hanel.

De l'ensemble des prestations féminines, toutes d'un honorable niveau, c'est néanmoins celles d'Anna Nalbandiants et d'Anastasia Donets qui ont retenu l'attention : dans son interprétation de l'air de Marguerite « Ah ! Je ris de me voir si belle » du Faust de Gounod, Anna Nalbandiants a littéralement envoûté l'audience par une voix à la fois douce et de caractère, capable par surcroît de jongler sur différentes tonalités tout en réussissant des aigus limpides et des vocalises harmonieuses. Un bonheur que cette soliste, née à Bakou et invitée depuis 2014 au Théâtre du Bolchoï de Moscou, a confirmé dans le quatuor du jardin à l'acte III de la même œuvre interprété aux côtés d'Artem Goloubev, d'Aleksandr Bezroukov et de Daria Tcherni. Anastasia Donets nous a, quant à elle, profondément ému par son « Si, mi chiamano Mimi », extrait de La Bohème de Puccini : cette pianiste et violoniste, également diplômée de gymnastique, d'escrime et de danse qui vient de la région de Stavropol, nous a saisi par son exigence vocale et sa présence scénique ainsi que par des aigus clairs doublés d'accents lyriques d'une rare justesse de ton.

Kira Parfeevets, Samuele Pala et AntoinePalloc, Fantaisie-Brillante. Photographie © Alain Hanel.

Une voix masculine a, de loin, emporté la conviction de la salle Garnier : outre son entrée fracassante, le baryton Ilia Lapitch nous a livré un « largo al factotum » du Figaro de Il Barbiere di Siviglia de Rossini particulièrement bien scandé avec un louable effort de prononciation. L'air du Comte Rodolfo « Vi ravviso, o luoghi ameni » tiré de La Sonnambula de Bellini — choisi pour la basse Aleksandr Bezroukov que nous avions entendu en répétition dans un prometteur « Le veau d'or est toujours debout » du Faust de Gounod, ne lui convenait pas. Cette magnifique voix, solidement charpentée et aux intonations d'airain, aurait par exemple trouvé son véritable épanouissement dans un « Ella giammai m'amo ! » du Don Carlos de Verdi.

Comme nous l'avions déjà souligné lors d'une autre performance de voix russes en août 2014 à Cannes, la magnificence d'une voix puissante ne saurait se dispenser d'une incarnation expressive, d'une densité émotionnelle. Cette expérience de la nouvelle Académie de l'opéra de Monte-Carlo aura probablement « travaillé » les artistes lyriques dans ce sens et nous parions, sans grand risque, que nous retrouverons sur de grandes scènes mondiales, certaines de ces jeunes voix russes entendues jeudi dernier. Dans un futur proche et pour notre plus grand plaisir.

 

Monaco, le 30 octobre 2015
Jean-Luc Vannier

 

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