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18 avril 2015, par Strapontin au Pradis ——

« Grands Concerts d'Assas » avec l'orchestre symphonique de la Garde républicaine

Il y avait un temps où la faculté d'Assas offrait à ses étudiants et aux mélomanes des concerts classiques de qualité avec des musiciens de grande renommée comme Arthur Rubinstein, Daniel Barenboïm, Sanson François, Martha Argerich, Alexis Weissenberg, Herbert von Karajan, Leonard Bernstein et bien d'autres.

Quarante ans se sont écoulés depuis que l'université Paris II a interrompu cette tradition. Fort heureusement, elle a été reprise avec deux concerts le 10 février et le 24 mars de cette année, au Grand amphithéâtre de près de 1700 places, qui vient d'être entièrement rénové. L'Orchestre symphonique de La Garde républicaine sous la direction de son chef attitré, François Boulanger, et le pianiste Bruno Leonardo Gelber, nous ont offert le concerto no 3 en mineur de Rachmaninov.

Au sein de La Garde républicaine, qui dépend de la Gendarmerie nationale, il existe plusieurs formations musicales :

La Musique de La Garde républicaine, attachée au 1er régiment d'infanterie,

La Fanfare du régiment de cavalerie,

Les Trompes de chasse du régiment de cavalerie, associées à la Maison du Roy

Le Chœur de l'Armée française,

L'Orchestre Symphonique de La Garde républicaine.

La Musique de La Garde républicaine remonte à la création des tambours et fifres des 1er et 2e Rrégiments d'infanterie de la Garde municipale de Paris, décrétée le 4 octobre 1802 par le Premier Consul Bonaparte. Elle est aujourd'hui constituée de 90 musiciens répartis en trois formations principales, un orchestre d'harmonie, un orchestre de batterie fanfare et un pupitre de tambours. Sa principale mission est de rendre les honneurs aux personnalités de l'État, d'animer les principales prises d'armes et autres cérémonies..

La Fanfare du régiment de cavalerie est une formation de 40 musiciens cavaliers : trompette-major, timbales, trompettes d'ordonnance, trompettes basses, trompettes contrebasses et trompettes cors. Ils interprètent de nombreuses marches régimentaires et de La Garde. Lors de concerts symphoniques donnés par l'Orchestre de La Garde, elle assure la partie « trompette de cavalerie » de certaines marches classiques. Cette fanfare est la seule formation européenne à défiler au trot.

Au sein des Trompes de chasse, 12 sonneurs perpétuent la tradition de la vénerie française qui atteignit son apogée sous Louis XV. L'apparition de la trompe de chasse au sein de La Garde républicaine remonte à 1966, et la création d'une véritable formation à 1974 ; c'est en 1989 que les formations spéciales du régiment de cavalerie intègrent officiellement celles des trompes de chasse. Les sonneurs, parmi les meilleurs de France (champions de France en 2003), interprètent également des fanfares de circonstance dans la tenue traditionnelle de La Garde. Outre celle de La Garde républicaine, il existe deux autres formations institutionnelles des trompes de chasse en France, celle de l'Office national des forêts, et celle de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.

Ce sont donc la Musique de La Garde républicaine et la Fanfare du régiment de cavalerie, et en moindre mesure les Trompes de la chasse, que les Français voient au protocole d'État, aux manifestations officielles et au défilé du 14 juillet.

Le Chœur de l'armée française, composé de 45 choristes, est l'unique chœur d'hommes professionnel en France. Il existe sous la forme actuelle depuis le 14 juillet 1983. Les chanteurs, recrutés parmi les professionnels, sont dirigés par le commandant Aurore Tillac, premier prix de la direction de chœur grégorien du CNSMD de Paris et par son adjointe, le capitaine Émilie Fleury, diplômée en direction de chœur du de CNSM de Lyon, membre du chœur Discantus et de l'Ensemble Contraste. Le chœur donne régulièrement des concerts aux côtés d'orchestres du premier plan, tels que les Orchestres de Paris, du Capitole de Toulouse, l'Ensemble Intercontemporain.

Enfin, l'Orchestre symphonique de La Garde républicaine est formé de 120 musiciens professionnels diplômés des Conservatoires nationaux supérieurs de Paris et de Lyon. Créé en 1848, il effectua une tournée aux États-Unis en 1872. Dès lors il recueille dans le monde entier un succès qui ne se dément pas. Il peut se produire sous différentes géométries (orchestres d'harmonie, à cordes, symphonique ou encore quatuor à cordes), pour des galas, des dîners à l'Élysée, des commémorations, des concerts dans le cadre de saisons musicales de différentes salles de concerts et de festivals. Le chef d'orchestre actuel, le colonel François Boulanger, pianiste, organiste et percussionniste, est titulaire de cinq prix du CNSMD de Paris, il est lauréat de trois concours internationaux : des jeunes chefs d'orchestre de Besançon, de percussion de Paris et Genève. Il est nommé en 1997 pour diriger les orchestres symphoniques et d'harmonie. Le chef adjoint, le lieutenant-colonel Sébastien Billard, a obtenu le premier prix de la direction d'orchestre au CNSMD de Paris.

Il s'agit donc d'un orchestre professionnel composé de musiciens de haut niveau, capable d'interpréter un large répertoire, du 17e siècle à nos jours, en s'adaptant aux circonstances d'exécution très variées. Outre ses tournées dans le monde entier l'orchestre réalise de nombreux enregistrements.

Le 24 mars dernier, le roi d'Espagne venait officiellement en France, mais il est aussitôt rentré dans son pays suite à la catastrophe de l'Airbus A320 de la compagie Germanwings dont de nombreux Espagnols furent victimes. Peut-être est-ce à cause du changement de programme de la soirée de gala présidentiel, l'orchestre, qui avait initialement annoncé La Valse de Ravel après Rachmaninov, joue l'ouverture de La Flûte enchantée de Mozart au début du concert.

François BoulangerLe colonel François Boulanger. Photographie © Garde républicaine - David Mendiboure.

L'amphithéâtre conçu pour l'enseignement, n'est pas vraiment une salle de concert. L'entrée du public, par deux côtés à l'arrière de la scène, est propice à une circulation quelque peu gênante des retardataires et des organisateurs pendant le concert. L'acoustique peu avenante — il faut un certain temps pour s'y habituer — enveloppait la musique de Mozart, qui manquait d'aileurs d'entrain, d'une certaine fadeur. De surcroît, les vents nous parvenaient aux oreilles avec un peu de retard, créant ainsi un léger décalage avec les cordes. Espérons que cela s'améliore pour les prochains concerts.

Le programme poursuit avec le concerto no 3 en mineur de Rachmaninov, avec Bruno Leonardo Gelber au piano. Né Argentin de parents d'origines autrichienne et franco-italienne, il a commencé sa carrière très tôt en jouant à 15 ans le concerto de Schumann sous la direction du tout jeune Lorin Maazel. Dernier élève de Marguerite Long à Paris, il obtient un prix au Concours Long-Thibaud qui a lancé sa carrière internationale. Après plus de 5 200 concerts, son apparition devient de plus en plus rare. C'était donc une grande occasion pour l'entendre dans un répertoire de référence, d'autant que personnellement, nous ne l'avions pas entendu en concert depuis plus de 20 ans. Son jeu, fabuleux, virtuose, avec des précisions extraordinaires d'attaques, est intact. Le piano, assez métallique au début, surtout dans les aigus, devient plus doux sous ses doigts, et sonne toujours clairement au-dessus de l'orchestre même si celui-ci joue tutti et fortissimo. Le pianiste a dû interpréter ce concerto à des centaines de fois, sa perfection technique et musicale est telle que l'œuvre donne l'impression d'une facilité d'exécution évidente, alors qu'elle est l'une des pièces les plus difficiles à jouer du répertoire pianistique. L'orchestre « concourt » avec le piano dans un grand bonheur.

Bruno Leonardo GelberBruno Leonardo Gelber. Photographie @ D.R.

On place beaucoup d'espoir dans cette série ; qu'elle se poursuive dans la tradition et l'esprit de jadis et ouvre la musique classique à un public nouveau et jeune, entre autres grâce à un contingent de 400 places offert aux étudiants.

Strapontin au Paradis
18 avril 2015


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